L’ENCHANTEMENT, DE LA POSSESSION A L’EDUCATION
CONFERENCE faite à Paris Le 17 mars 2017, lors de la remise des prix des « girafes awards » de l’association « Agir pour l’enfance ou « La grande semaine de la petite enfance.
http://www.rdvpetiteenfance.fr/ Le thème du concours était l'enchantement. Lorsqu’on m’a demandé de faire cette conférence sur l’enchantement, je me demandais bien ce que j’allais dire de plus dans la mesure où il y a deux ans, j’ai fait une conférence sur l’émerveillement de l’enfant en contact avec la nature. Afin d’être précise dans l’approche de ce sujet je suis allée voir dans les dictionnaires Larousse, Petit Robert et autres, la définition de l’enchantement et qu’est-ce que je trouve en premier lieu ? -Un enchantement est le fait de soumettre une personne ou une chose grâce à des opérations magiques dont le charme. L’origine étymologique vient d’incantare. C'est-à-dire de formules incantatoires qui ont pour but d’ensorceler, d'envoûter de séduire quelqu’un et le mettre ainsi sous influence de sorte que la personne qui subit, perde sa volonté et même son identité. Nous sommes en plein pouvoir sur l’autre. Nous sommes dans le monde de la sorcellerie, de la magie, et du sortilège Il y a aussi ce que les Latins nomment « Prestiges »... qui charment et ensorcèlent tellement nos yeux qu'il nous semble voir des choses merveilleuses alors que ce n’est rien d’autre qu’une tromperie du Diable. ET HEUREUSEMENT AUSSI en seconde partie…: Sentiment de satisfaction, de joie, d'une qualité exceptionnelle, qui saisit l'être et le transporte. Chose qui cause un vif plaisir et dont la découverte suscite une surprise émerveillée. C’est ce que vous avez retenu évidemment. (pour le concours des girafes award) Que faire de tout cela ? Me voici ensorcelée par ces différentes définitions, comme m’en sortir ? Alors je suis allée voir des conteurs, qui m’ont parlé de « La belle au bois dormant, de « La reine des neiges », des sirènes…Il s’agissait donc pour moi d’aller voir dans les contes, la mythologie, les poèmes, les histoires… Ces histoire pour la plupart sont très anciennes Je rappelle que ce n’est pas Walt Disney, qui a créé ni Cendrillon, ni Blanche neige, ni la Reine des neiges , ni Raiponse… Homère et ses deux poèmes dont celui sur Ulysse et L’odyssée date du 8eme siècle avant notre ère. Charles Perrault et les frères Grimm auteurs des différents contes d’enfant les ont repris d’histoires plus anciennes. Andersen l’auteur de la petite sirène ou de la princesse au petits pois s’est inspiré d’anciennes légendes nordiques pour certain de ses contes. Tout a été écrit pour les adultes. Ils reflètent l’âme humaine avec une grande connaissance de celle-ci. La psychologie, la pédagogie, la psychanalyse n’ont rien inventé. Je vais donc, vous présenter quelques-uns de ces contes, Mes interprétations n’engagent que moi…elles sont venue « comme ça » à moins que des charmes m’aient été soufflés aux oreilles ! Je ne vous dirais pas quoi penser encore moins que faire. C’est un partage de ce que j’ai découvert en me disant que nous devons être concernés. Je ne voudrais pas de solennité dans ma conférence le sujet est trop sérieux ! Un récit très ancien va commencer notre cheminement : Ulysse et les sirènes Ulysse revient de Troyes et essaie de rejoindre son domicile. Circée qui est une magicienne lui dit : Diapo « Tu rencontreras les Sirènes qui charment tous les hommes qui les approchent ; mais il est perdu celui qui, par imprudence, écoute leur chant harmonieux. Navigue rapidement au-delà, écoute-les, si tu veux ; mais que tes compagnons te lient, à l'aide de cordes, contre le mât, par les pieds et les mains, avant que tu écoutes avec une grande volupté la voix des Sirènes. Et, si tu pries tes compagnons, si tu leur ordonnes de te délier, qu'ils te chargent de plus de liens encore. » Ca m’a fait pensé à quand nous nous disons : « c’est plus fort que moi ! » il y a une voix qui nous dit de prendre notre tel. Portable ou d’aller voir si on a un message sur son ordinateur. Plus insidieux, résister à notre désir d’intervenir « chercher à arranger les choses » Résister à cette voix qui nous incite à intervenir dans un geste d’enfant. Quelque fois nous faisons comme Ulysse, nous demandons de l’aide : arrêtez-moi ! C’est là où les vrais amis se comptent
Ce qui m’est venu à l’esprit est l’allégorie de la caverne, Des ombres passent beaucoup de gens les regardent et pensent que c’est la connaissance, ce sont certains philosophes, savant, certains religieux…Ils ont des convictions, des certitudes, des arguments pour tout. Et tous ceux qui savent bien parler ou et qui n’ont pas de doute. Qui s’écoutent parler en employant des termes qu’on ne comprend pas ! Les gens qui sont au courant de tout. C’est d’eux dont parle le misanthrope : « Et c’est mon sentiment qu’en faits comme en propos, la science est sujette à faire de grand sots. » nous dit Clitandre Ce sont ceux qui nous disent : « Vous ne connaissez pas la dernière méthode pédagogique ??? » grâce à la découverte de neurones cognitives, on va apprendre tout ce que l’on veut aux enfants…on stimule un neurone et ça y est ils apprennent. Ainsi ils sauront les 3000 mots nécessaires pour entrer à la maternelle ! Et vous êtes pendant ce temps-là avec un petit enfant qui mange sa purée en en mettant plein partout et qui a l’air si heureux. Combien de fois croyons-nous savoir et un événement, une lecture, une rencontre nous met en face de notre ignorance… Le trop ressemble à de la tromperie. Alors qu’ y a-t-il au dehors de la grotte ? Le soleil, la lumière est là qui attend à l’extérieur de la grotte, ou l’enfant. Car la lumière est la connaissance On croit savoir quelquefois et il y a le soleil qui attend dehors.Les œuvres faites pour le concours (girafes awards) où il y avait des jeux d’ombres et de lumières me sont parures comme étant les prémisses de la rencontre avec la connaissance, l’ombre laisse supposer par contraste, la lumière, cela provoque l’intérêt, grâce à l’attente, la surprise, qui ne pourrait pas être sans l’attente et qui procure la joie La lumière, le mystère, la connaissance qui se dévoile. L’amour…du beau de vrai, du bien, du juste ! Laissons les sirènes appeler et continuons… Plus près de notre époque : une histoire entre la Cornouaille et l’Irlande : Tristan et Yseult. Ce texte aurait été écrit au XI siècle, peut-être avant. Il y a 19 chapitres au roman Tristan un brave garçon, courageux, il tue un géant qui au moment de mourir l’empoisonne alors il se fait soigner par la reine d’Irlande mère d’Yseult où il s’est réfugié pensant mourir, Il revient en Cornouailles et le roi Marc décide de se marier avec Yseult. Tristan va chercher Yseult pour l’emmener auprès de son oncle Marc. En fait Tristan a tué l’oncle d’Yseult en combat, elle le découvre et elle le hait. Durant le voyage ils boivent sans le vouloir le philtre d’amour destiné aux futurs mariés. « Qu'ont-ils fait ? Hélas ! ce n'est pas le vin de la réserve qu'ils ont bu, mais le boire enchanté que la reine d'Irlande a brassé pour les noces du roi Marc ! Brangaine la servante se hâte de descendre dans la soute : elle voit le tonneau de boire herbé à moitié vide : « Malheur, malheur à moi ! s'écrie-t-elle. Tristan, hélas ! Hélas ! Iseut ! Vous avez bu votre destruction et votre mort ! » Cependant le poison d'amour se répand dans leurs veines. Hier ennemis, les voici aujourd'hui remplis de désir l'un pour l'autre. Le lien qui les attache l'un à l'autre leur entre profondément dans la chair, et jamais ils ne pourront s'en guérir. » Nous sommes en plein enchantement ! En plein envoutement ! Ils sont maudits, mais ils s’aiment Ils passent leur temps à tromper le roi Marc, en fait il a du mal à penser que son neveu préféré le trompe croit en toutes les ruses qu’ils mettent en place. Nous allons de rebondissement en rebondissements (les feuilletons américains ne sont rien à côté de l’ingéniosité des amants) Ils déjouent tous les pièges qu’on leur tend et le roi les croit à chaque fois. Mais ils sont fatigués de se cacher. Tristan implore l'aide de Dieu pour qu'il lui donne la force de laisser Iseult retrouver le roi Marc. De son côté, Iseut songe avec nostalgie à la vie agréable qu'elle menait à la cour de Cornouailles. Donc Tristan se sauve rencontre une autre Yseult la blanche, il se marie avec elle mais ne peut l’honorer. Il retourne en Cornouailles et désire revoir sa belle. Il demande à son ami d’aller la chercher, s’il la ramène la barque a une voile blanche sinon elle est noire Dévorée par la jalousie Yseult la blanche l’autre, annonce à Tristan que la voile est noire. A ces mots Tristan meurt de chagrin. Sitôt débarquée, Iseut la Blonde apprend la mort de son amant. Elle se rend auprès de lui, s'allonge à ses côtes et le rejoint dans la mort. Mais pendant la nuit, de la tombe de Tristan jaillit une ronce verte et feuillue, aux forts rameaux, aux fleurs odorantes, qui, s'élevant par-dessus la chapelle, s'enfonça dans la tombe d'Iseut Ils sont immortels. N’avons-nous pas tous désiré, rêvé à un amour immortel ? Un amour qui dure toujours… De quoi s’agit-il ? Ne s’agit-il pas plutôt d’attachement. Celui de l’enfant pour sa mère • L’attachement sans condition J’ai pensé au doudou et les pleurs dans les séparations. Et l’attachement aux doudous sans qui, pour l’enfant, le monde s’écroule. On le sent lors des retrouvailles entre l’enfant et sa mère, comme si ‘était la première fois ? De la part de la mère aussi il y a aussi au fond de son cœur un désir d’attachement éternel, même si elle sait que ce n’est pas possible. Mais chez les petits cela ne se terminera pas. On a l’impression qu’il n’y a rien à faire. N’est-ce pas de cela dont il est question ? De cette violence en face de laquelle nous sommes, devant laquelle nous avons l’impression qu’il n’y a rien à faire… Alors que le contraire de la possession et de l’attachement inconditionnel : C’est la liberté Par l’éducation qui aurait pour but d’aider l’enfant et les parents de se libérer l’un de l’autre pour permettre à chacun de grandir. Dans la société traditionnelle française avant il y avait des rites de séparations. Actuellement aussi. Le grand art est de ne pas aller trop vite. C’est l’amour généreux qui intervient celui qui éveille Je propose de continuer avec/ Les BELLES ENDORMIES http://clpav.fr/lecture-belle-bois-dormant.htm La belle au bois dormant de Perrault, Qui a eu à sa naissance un sort lancé par la mauvaise fée, qui pas contente d’avoir été oubliée jette un sort au bébé, celui de se piquer lorsqu’elle sera jeune et mourir. Ce qui arrivera. Mais heureusement une bonne fée la fait passer « d’un contrat à durée indéterminée à un contrat à durée déterminée » et transforme le charme en durée de 100 ans au bout duquel un prince charmant viendra la réveiller. et Blanche Neige, pendant que les nains lui ont donnée l’hospitalité sont partis travailler, sa sorcière de Belle-mère vient lui donner à manger une pomme empoisonnées. Elle sera réveillée aussi par un prince charmant. http://www.grimmstories.com/fr/grimm_contes/blanche-neige C’est l’amour qui les libère de leur sommeil. De quel sommeil s’agit-il ? Quelques fois nous aussi sommes endormis. On le réalise lorsqu’on se dit : J’aurais pu y penser avant ! lorsqu’on découvre qu’une habitude nous empêchait de se libérer. C’est du sommeil de l’esprit dont il s’agit. Les aveuglements, les illusions, De la méconnaissance de la réalité, un non intérêt pour elle, ou une soumission. Il s’agit des personnes qui ne se connaissent pas elles-mêmes. Entre nous elles ne sont pas très adroites ni perspicaces nos belles endormies. N’est-ce pas cela qui est mis en cause. Possédées par les évènements « les belles endormies » n’aurait-elle pas pu les modifier ? C’est l’oubli de soi, le refus de prendre soin de soi-même. Recommandé par les sages des grandes traditions quelles qu’elles soient Grace à ce réveil elles vont passer à la réalité. Le prince charmant peut être une rencontre, une lecture, un évènement qui va nous frapper nous « étonner » et qui va nous réveiller pour nous amener à un discernement qui nous demande de nous libérer de nos attaches ou plutôt de les choisir. Je crois que nous avons tous un prince charmant en nous qui nous dit d’y aller. Et surtout nous sommes entourés de plein de petits princes charmants qui nous réveillent de temps en temps par leur attitude ou leurs réflexions nous obligent à nous réveiller ? . Deux contes d’Andersen LA REINE DES NEIGES http://feeclochette.chez.com/Andersen/lareine.htm Ce conte d’Andersen n’a pas grand-chose à voir avec le film de Walt Disney. Il est composé de 7 chapitre et les héros sont deux petits enfants Gerda et Kay. Le premier chapitre nous introduit auprès d’un merle noir, c’est le diable. Il a décidé d’enchanter tous les miroirs et celui qui se regarde n’y voit rien de beau. Les plus beaux paysages y devenaient des épinards cuits et les plus jolies personnes y semblaient laides à faire peur. Ce diable veut monter jusque Dieu avec son miroir, mais arrivé si haut ils se mettent à vibrer et se cassent en des milliards de morceaux qui s’éparpillent sur toute la terre et celui qui en a un dans l’oeil voit tout en mal. S’il y avait un morceau de glace dans le cœur il se transformait en glace. « Le Malin riait à s'en faire éclater le ventre, ce qui le chatouillait agréablement. » Non loin de là deux enfants n’habitaient pas la même maison mais ils pouvaient aller chez l’un et l’autre et s’aimaient comme frères et sœur. Un jour Kay, le petit garçon, reçu un morceau de miroir du diable dans l’œil. Il a l’impression de voir les choses bizarrement. Un jour il part jouer ! « Au milieu du jeu ce jour-là arriva un grand traîneau peint en blanc dans lequel était assise une personne enveloppée d'un manteau de fourrure blanc avec un bonnet blanc également. Ce traîneau fit deux fois le tour de la place et Kay put y accrocher rapidement son petit traîneau. » Mais le traineau l’emporte, il a de plus en plus froid, la silhouette lui fait signe de venir se réfugier dans son manteau et le voilà enlevé par le Reine des Neige, dans son grand château de glace. Jay a l’impression que son cœur se glace, mais il ne peut s’empêcher de suivre la Reine qui l’a capté. Elle est si belle ! Et là commence la longue quête de Gerda pour retrouver son ami. Elle s’en va seule, marche beaucoup après de multiples péripéties, arrive dans une chaumière où là une vieille dame voudrait la garder près d’elle, mais elle garde le désir de retrouver Jay et s’en va. Elle va demander aux fleurs qui ne l’écoutent pas et leur raconte leur vie sans faire attention. Elle rencontre des corneilles qui là aussi sont plus préoccupées d’elles-mêmes. Alors elle continue son chemin, rencontre une ogresse-brigande qui veut la manger, mais la fille de l’ogresse lui sauve la vie car elle veut avoir une petite amie, mais Gerda résiste à rester et arrive à faire accepter à sa nouvelle amie qu’elle doit partir. La petite l’aide et lui fait connaitre un renne qui va l’amener en Laponie car des pigeons lui ont dit avoir vue Jay et la reine des neiges. Elle est dans les pays du nord : en Norvège Elle se fait prêter un carrosse de la part d’un roi et d’une reine dont l’histoire est très intéressante, mais je n’ai pas le temps de vous la raconter. Le carrosse l’amène près du château glacé, mais il ne peut aller plus loin. « Elle resta seule dans la neige et les flocons sont de plus en plus gros et vont l’engloutir Alors la petite Gerda se mit à dire sa prière. Le froid était si intense que son haleine sortait de sa bouche comme une vraie fumée, cette haleine devint de plus en plus dense et se transforma en petits anges lumineux qui grandissaient de plus en plus en touchant la terre, ils avaient tous des casques sur la tête, une lance et un bouclier dans les mains, ils étaient de plus en plus nombreux. Ils combattaient de leurs lances les flocons de neige et les faisaient éclater en mille morceaux et la petite Gerda s'avança d'un pas assuré, intrépide. Les anges lui tapotaient les pieds et les mains, elle ne sentait plus le froid et marchait rapidement vers le château. Lorsqu’elle est arrivée au château glacé, très beau mais très froid. Elle vit le pauvre Jay tout violet de froid. Heureusement elle était partie visiter ses chaudrons c’est-à-dire les volcans. « - Kay ! mon gentil petit Kay ! je te retrouve enfin. Mais lui restait immobile, raide et froid - alors Gerda pleura de chaudes larmes qui tombèrent sur la poitrine du petit garçon, pénétrèrent jusqu'à son cœur, firent fondre le bloc de glace, entraînant l'éclat de verre qui se trouvait dans son œil ! » Voyez-vous ça : les émotions ! Ils sont repartis en refaisant le même chemin où ils ont retrouvé les rencontres que Gerda avait faites. Rencontres où chacun a essayé de la garder mais elle a résisté. Elle ne s’est pas fait avoir même lorsqu’on lui demandait de l’aide/ Ce fut sa force que celle de continuer Arrivés dans leur maison ils se sont rendu compte qu’ils étaient devenus des grandes personnes ! Ils se sont métamorphosés Qu’est-ce que grandir si ce n’est sortir du charme ? Mais… Pendant ce temps la grand-mère était en train de lire : « que les grandes personnes sachent garder un cœur d’enfant ». Ecoutons les enfants nous amener vers la vérité, l’entendement, LES HABITS NEUFS DE L’EMPEREUR A lire ! http://feeclochette.chez.com/Andersen/habitsneufs.htm Mais le roi est nu ! « Ecoutons les enfants » Ecoutons leur générosité, leur inventions, leur authenticité, leur non formalisme, c’est à dire leur liberté, leur fluidité : la vie !. Alors on leur donne notre confiance et de la beauté ! |