JEAN JACQUES ROUSSEAU
Sa biographie et ses idées principales sont page 58 dans "Les pédagogues dans l’histoire" ed. chronique sociale
www.decitre.fr/livres/les-pedagogues-dans-l-histoire-9782367171845.html Table des matières de "Les pédagogues dans l'histoire": L’"Emile ou de l'éducation" L’histoire de l’ouvrage Les « livres » qui le composent Texte sur « L’éducation des sentiments » TEXTES "L'Emile ou de l'éducation" (1762) Préface. "Sur l'observation..." "On ne connaît point l'enfance..: sur les fausses idées qu'on en a, plus on va, plus on s'égare. Les plus sages s'attachent à ce qu'il importe aux hommes de savoir, sans considérer ce que les enfants sont en état d'apprendre. Ils cherchent toujours l'homme dans l'enfant sans penser à ce qu'il est avant d'être homme. Voilà l'étude à laquelle je me suis le plus appliqué, afin que quand toute ma méthode serait chimérique et fausse, on pût toujours profiter de mes observations. Je puis avoir très mal vu ce qu'il faut faire; mais Je crois avoir bien vu le sujet sur lequel on doit opérer. Commencez donc par mieux étudier vos élèves; car très assurément vous ne les connaissez point ; or, si vous lisez ce livre dans cette vue, je ne le crois pas sans utilité pour vous. A l'égard de ce qu'on appellera la partie systématique, qui n'est autre chose ici que la marche de la nature, c'est là ce qui déroutera le plus le lecteur; c'est aussi par là qu'on m'attaquera sans doute, et peut-être n'aura-t-on pas tort. On croira moins lire un traité d'éducation que les rêveries d'un visionnaire sur l'éducation. Qu'y faire ? Ce n'est pas sur les idées d'autrui que j'écris; c'est sur les miennes. Je ne vois point comme les autres hommes, il y a longtemps qu'on me l'a reproché: Mais dépend-il de moi de me donner d'autres yeux, et de m'affecter d'autres idées ? non. Il dépend de moi de ne point abonder dans mon sens, de ne point croire être seul plus sage que tout le monde; il dépend de moi, non de changer de sentiment, mais de me défier du mien: voilà tout ce que je puis faire, et ce que je fais. Que si je prends quelquefois le ton affirmatif, ce n'est point pour en imposer " au lecteur; c'est pour lui parler comme je pense. Pourquoi proposerais-je par forme de doute ce dont, quant à moi je ne doute point ? Je dis exactement ce qui se passe dans mon esprit. En exposant avec liberté mon sentiment j'entends si peu qu’il fasse autorité que j'y joins toujours mes raisons, afin qu'on les pèse et qu'on me juge: mais, quoique je ne veuille point m'obstiner à défendre mes idées, je ne me crois pas moins obligé de les proposer; car les maximes sur lesquelles je suis d'un avis contraire à celui des autres ne sont point indifférentes. Livre troisième: "l'éducation des sentiments": "Toucher et non endurcir" Ramenez les dans leurs premières habitations où la simplicité champêtre laisse les passions de leur âge se développer moins rapidement; ou si leur goût pour les arts les attache encore à la ville, prévenez en eux, par ce goût même, une dangereuse oisiveté. Choisissez avec soin leurs sociétés leurs occupations, leurs plaisirs : ne leur montrez que des tableaux touchants, mais modestes, qui les remuent sans les séduire, et qui nourrissent leur sensibilité sans émouvoir leurs sens. Songez aussi qu'il y a partout quelques excès à craindre, et que les passions immodérées font toujours plus de mal qu'on n en veut éviter. Il ne s'agit pas de faire de votre élève un garde- malade, Un frère de la charité, d’affliger ses regards par des objets continuels de douleurs et de souffrances, de le promener d'infirme en infirme, d'hôpital en hôpital, et de la Grève aux prisons; il faut le toucher et non l'endurcir à la des misères hommes. Longtemps frappé des mêmes spectacles, on n'en sent plus les impressions; l'habitude accoutume à tout; Ce qu'on voit trop on ne l'imagine plus, et ce n'est que l’imagination qui nous fait sentir les maux d'autrui : c'est ainsi qu'à force de voir mourir et souffrir , les prêtres et les médecins deviennent impitoyables. Que votre élève connaisse donc le sort de l'homme et les misères de ses semblables ; mais qu'il n'en soit pas trop souvent le témoin. Un seul objet bien choisi, et montré dans un jour convenable, lui donnera pour un mois d’attendrissement et de réflexions. Ce n'est pas tant ce qu'il voit, que son retour sur ce qu’il a vu, qui détermine le jugement qu'il en porte; et l’impression durable qu'il reçoit d'un objet lui vient moins de l'objet même que du point de vue sous lequel on le porte à se le rappeler. C'est ainsi qu’en ménageant les exemples, les leçons, les images, vous émousserez longtemps l'aiguillon des sens, et donnerez le change à la nature en suivant ses propres directions. " J.J. Rousseau et la simplicité: "Maitres soyez simples, modestes et retenus" Rousseau n’aime pas le luxe, ni la ville et son pédantisme. Il préfère pour son Emile, la campagne et sa rusticité. « …point de miroirs, point de porcelaine, point d’objets de luxe. » [1]L’enfant trouvera dans la nature de quoi s’éduquer, un excellent lieu d’observation d’où il extraira les notions utiles pour sa compréhension de la vie. S’il est question de regarder les étoiles ou le soleil, c’est pour apprendre à s’orienter. Ce n’est qu’au moment où J.J. Rousseau aborde l’adolescence dans son troisième chapitre, que l’enfant s’ouvre aux sentiments. Comme s’ils n’existaient pas avant. (!!!) Tout ceci tient à ce que Rousseau veut éduquer Emile essentiellement par l’expérience, sans qu’il se laisse influencer par « de longs discours ». Il doit se faire sa propre idée car il sera un citoyen avec du discernement. Rousseau le fondateur du romantisme se veut être froid avec le jeune enfant. Mais il avait une référence importante, la simplicité. Lorsqu'il parle de l’éducation des sentiments, quelle belle leçon donne t-il : « Un seul objet bien choisi et montré dans un jour convenable, lui (Emile) donnera pour un mois d’attendrissement et de réflexion. Ce n’est pas tant ce qu’il voit, que son retour […] L’impression durable qu’il reçoit vient moins de l’objet lui-même que du point de vue sous lequel on le porte à se le rappeler »[2]. Ce n’est pas l’objet vu qui est important mais le travail intérieur qu’il provoque. La beauté se révèle lors de la rencontre entre un objet et celui qui le perçoit. Mais pas n’importe quand, ni n’importe comment, ni au sujet de n’importe quoi. [1] Rousseau Jean Jacques, « L’Emile ou de l’éducation » livre second éd. Flammarion, 1975, page 112 [2] Id page 300 Bibliographie - Houssaye J.; sous la direction de "Quinze pédagogues, leur influence aujourd'hui" Armand Colin; 1994 pages 23 à 35 - Defoe D.; "Robinson Crusoé" Préface de Michel Baridon, Gallimard folio; Paris1997 - Soetard M.; "Profils d'éducateurs: Jean Jacques Rousseau (1712-1778); "Perspectives"; Vol.1 p.141-150 1991 - ROUSSEAU J. J., "L'Emile ou de l'éducation"; Editions Flammarion, 1966.. |