INTRODUCTION AU JEU DE L'ENFANT
Le jeu contre la peur
Nous voici avec Maxime trois ans. « Cette nuit j’ai fait un rêve, les monstres voulaient me tuer, alors je leur ai dit : « quelle horreur ! Et ils sont partis. » Il a dit subitement « quelle horreur » un peu comme une provocation ou un jeu. Le monde onirique enfantin est plein de mystères. Maxime me parle souvent de ses monstres. Il joue bien avec des monstres en plastique! Il se cache, je fais semblant de le chercher mais je ne le trouve pas, il sort subitement de sa cachette : « je suis là, j’étais derrière le rideau regarde ! ». C’est vrai et si je ne le retrouvais pas ? Il a trois ans. Nous venons de passer la journée ensemble. Nous sommes chez moi. Il s'empare d'un coupe papier en bois et s'en sert comme d'une épée, la tournant dangereusement dans tous les sens: “Ils vont venir les méchants soldats!” Il se couche par terre. Tu as peur lui-dis je? « Oui j'ai peur. » Il se relève et continue sa lutte. Il évoque plusieurs fois “les méchants soldats”. Son grand père vient le chercher. Pendant que nous parlons, Maxime demande ses doudous. Il prend ses peluches et se repose alors que nous parlons. Ils partent. J'ai mis les doudous dans son sac. Le lendemain, je m'aperçois qu'il a emporté le coupe-papier avec les doudous. Une protection supplémentaire ? Une protection choisie, comme il a choisi les méchants soldats imaginaires. Une protection approuvée car je l'ai laissé jouer avec le coupe-papier. Comment dominer sa peur si ce n'est en la jouant et la rejouant ? C'est le sens fondamental du jeu. Le jeu protège le joueur et l'investissement qu'il y fait. L'enfant exprime toutes ses peurs dans cette sphère protectrice. Il y entre par des mots magiques comme « si on » et « on dirait que » et y invente ses règles. Il s'y donne complètement, se révèle à lui-même. Il exprime ses craintes, ses peurs de disparition, de séparation ou d’abandon. Il joue son pouvoir sans appréhension et domine sa peur. Il y est à la fois lui-même et un autre. Il peut s'y rejouer différent. Maxime, si gentil, si conciliant d'habitude devient combattant. Comme cette petite fille timide joue une maîtresse autoritaire avec ses poupées. Pour l’adulte c’est la même chose. Nous pouvons nous révéler plus expansifs que d'habitude en jouant à un jeu de société. Il n'y a pas autant de différences entre les deux qu’on pourrait le croire. L'enfant joue plus souvent car il a davantage de peurs. Courte introduction au jeu de l'enfant Le jeu est une activité très importante dans la vie. Il donne l'occasion d'entrer en compétition, permet de s'imaginer être un autre personnage. Il donne donc l'occasion de se dépasser et de sortir de la vie ordinaire. Il fait, non seulement passer de bons moments de détente, mais développe les facultés mentales et physiques et provoque des rapports avec les autres. Pendant le jeu les préoccupations habituelles sont oubliées. Il ne s'impose pas. Dans tous les pays et à toutes les époques le jeu a existé, il est nécessaire comme le rêve et comme l'art. Pour l'enfant il est tout particulièrement vital. Un enfant qui ne joue pas est souvent un enfant malade. Il est nécessaire au bon développement de tous et surtout de ceux qui ont des difficultés. A chaque période de son développement l'enfant a des jeux particuliers et ceux-ci ont des effets différents. Avant l'âge de deux ans: Le bébé manipule ses pieds et ses mains et aussi ce qu'on peut lui donner: un morceau de chiffon, une petite boite ou autre petit jouet. Il lance, on lui rend, il recommence et ainsi il apprend que ce qui a disparu peut revenir et il s’en amuse. Il découvre ainsi les différentes parties de son corps, ce qu'il peut faire avec et l'influence qu'il peut avoir sur les objets et sur les personnes. Il découvre que lorsqu'il s'ennuie, il peut jouer, et apprend ainsi à s'occuper sans avoir toujours besoin de quelqu'un. Quand il sait marcher, il aime pousser une chaise, faire du bruit, transporter des gros objets. Quand ses mains sont devenues plus adroites il manipules des cubes, les fait tomber, tape, lance. Ainsi il découvre ses propres possibilités motrices et intellectuelles On peut jouer aussi avec lui aux "jeux de nourrice", c'est à dire ces petites histoires oû on le chatouille, on le fait sauter sur les genoux, on lui nomme les doigt Les jeux de construction https://lesprosdelapetiteenfance.fr/eveil-activites/jouer-pour-grandir/le-jeu-de-construction-un-jeu-la-fois-manuel-et-intellectuel A partir de 7 ans commencent les rondes, jeux de cache cache, avec des ficelles, les jeux où l'on doit compter, les devinettes. L'enfant s'amuse à se faire des paris. C'est l'époque où des groupes d'enfants vont faire des cabanes dans les bois. C'est aussi tout ces jeux organisés à quoi les enfant jouent en cour de récréation. Il apprend à vivre avec les autres et à accepter une discipline. A partir de 12 ans vont commencer les jeux de compétition qui ressemblent à ceux des adultes, les règles se compliquent. L'enfant commence à participer à des jeux de société comme les cartes et dehors, va s'initier à des jeux de ballon et autres plus compliqués. Comme on peut le voir le jeu n'est pas seulement une détente salutaire pour l'enfant. C'est aussi une activité essentielle qui va lui permettre de se développer du point de vue physique, intellectuel et affectif et lui apprendre à vivre avec les autres. Laisser l'enfant jouer car habituellement les enfants jouent spontanément, l'encourager quand on voit qu'il en a besoin. Créer les choix possibles en fonction en se souvenant de ses jeux d'enfants et en l'adaptant à son age. Mais…laissons les jouer ! Bibliographie Cohen L. "Qui veut jouer avec moi?" J. C. Lattes 2013 Levine Fabienne "pédagogie du jeu avant trois ans" Dunod, 2016 https://lesprosdelapetiteenfance.fr/vie-professionnelle/biblio-pro/une-pedagogie-du-jeu-avant-3-ans France culture décembre 2020 Joue, grandis, apprends : quand la cour de récré devient la salle de classe - Ép. 3/4 - Jouer en société, d’où viennent les règles du jeu ? (franceculture.fr) |