LA libertE et l' Education
"Quand la vérité n'est pas libre, la liberté n'est pas vraie" J. Prévert En plus de références à certaines lectures dont les auteurs sont cités, ce cours a été construit avec des étudiants. Avis au lecteur... Cette présentation n'aborde pas toutes les dimensions de la liberté, il n'est pas question non plus de nier leurs contradictions possibles. Je vous propose de lire ce texte avec nuances. Relativiser certaines idées est indispensable car sans ces démarches il n'y a pas de liberté... "La liberté dans l’éducation ou l’éducation à la liberté"? Il n'y a pas d’éducation sans réflexion philosophique. Pas forcement celle qui fait référence aux auteurs ou philosophes, mais celle qui remet en cause sa propre démarche et qui est faite de questionnement. On ne peut avoir l’audace de s’occuper d’éducation sans avoir fait une tentative d’éclaircissement de certains sujets parce qu’ils représentent ce qu’il y a d’essentiel dans la vie... La liberté est-elle un moyen ou un but à atteindre? Quelle est sa place dans nos attitudes éducatives? On peut dire aussi que nous éduquons à la liberté tout simplement parce qu’elle nous touche et la conception que nous en avons marque nos attitudes, nos choix, nos tolérances... Si l'un des buts de l'éducation est d'apprendre à être libre, on ne peut s'en passer dans l'acte éducatif même, c'est à dire, la pédagogie. Le thème de la liberté est un sujet cher aux penseurs de l'éducation que ce soit les philosophes ou les pédagogues. Dans la "Déclaration des droits de l'homme" c'est un droit, elle est essentiellement individuelle et doit être respectée. Mais avant tout il apparaît nécessaire de s'entendre sur le sens du sujet même: Qu'est ce que la liberté? Elle est difficile à cerner, un peu comme la vérité pour laquelle Platon disait que c'était un "vagabondage divin". C'est à dire quelque chose que l'on n'atteint jamais complètement. Existe t-elle en tant que telle? Elle se décide, là l'homme se sépare de l’immuable! On veut la saisir...mais la liberté n’est pas un objet. Ce n’est pas un produit donné qui est là à notre disposition. On "a" pas la liberté, elle ne se possède pas, on "est" libre, Elle se vit, se construit, se conquiert Elle se dévoile peu à peu à l’homme. Elle n’existe pas isolée de la structure totale de la personne, elle est intrinsèque, elle n’existe pas abstraitement hors de celui qui se sent libre ou pas. Alors qu’elle fait partie de l’être global et se vit, elle ne se voit pas. Elle est dans l’énigme des forces naturelles, réservée à l’initiative irremplaçable de la personne. La personne se fait libre. Elle choisit de l’être. Ce n’est pas non plus une nécessité absolue, je peux la refuser, c’est justement parce que je peux la refuser qu’elle garde sa qualité. Elle transfigure les données, l’homme est libre intérieurement quand il l’a décidé. C’est une démarche de l’esprit. Comme le jeu, qui n’existe que parce qu’on a désiré qu’il soit. Définitions On en parle beaucoup, savons nous ce que c'est??? Est ce faire tout ce que l'on veut? C’est notre grande angoisse, que celle de la perdre! Il y a 16 définitions dans le Larousse Nous en avons choisi une: "La liberté est le pouvoir réel qu’a chacun d’accepter ou de refuser les sollicitations du dehors et aussi celles qui viennent de lui même, donc de répondre de ses actes" -Se définit aussi par la négative comme l’absence de contraintes et aussi comme l’état de celui qui fait ce qu’il veut. On a envie de dire: mais où est-elle? Nous partirons de ce que nous avons noté au cours de nos différents cours sur le sujet et où nous demandions aux participants d'exprimer des situations où ils sentent libres. Nous nous attarderons à l'évocation de l'image d'une promenade au bord de la mer, où l'espace donne l'impression d'être illimité, où aucune contrainte ne pèse, avec la possibilité de faire ce que l'on veut, comme veut et quand on veut où l'on est seul, loin de tous. Nous en extrairons quatre thèmes, qui sont - La possibilité d'évoquer un ailleurs, - Les limites, - L'intériorité, - Le choix et l'activité libre, La possibilité d'évoquer un ailleurs! "Et si..." On peut extraire un élément essentiel de la liberté, qui est celui de pouvoir évoquer un autre lieu, un autre temps que celui vécu dans le présent...une sorte de demande d'impossible au-delà de la réalité à laquelle on est confronté, qui commence par: "et si"... et qui en l’occurrence est à la base de la création. C'est une des fonctions du jeu d'ailleurs que de proposer des situations hors de la réalité avec lesquelles on peut jouer sans danger et qui va aider à dominer les difficultés de la réalité. En effet la possibilité de pouvoir envisager un "autre part" se réalise dans le jeu grâce au : "on pourrait", phrase magique de l'ouverture vers le "hors ordinaire". Cet espace temps particulier qui permet de s'approprier et de dominer des situations vécues par ailleurs. Etre un autre personnage, découvrir une autre façon d'être sans danger est un acte indispensable, que ce soit par l'intermédiaire du jeu symbolique ou du théâtre ou autre possibilité de rêverie... Le sport, dans la mesure où il est gratuit, permet à celui qui le pratique, d'aller au delà de ses limites, de dépasser ses compétences, et même celles d'une autre équipe, ceci tout en utilisant une règle. Pareil pour le créateur qui se sert d'une technique pour agir dans une sphère là aussi hors de l'ordinaire. Certains font ces démarches d’eux-mêmes, d'autres ont besoin d'y être introduits. Les limites Mais pour cela il est nécessaire que les notions de limites aient été amorcée. Ce "et si" évoqué plus haut, ne peut exister qu'à partir d'une situation précise, si cette promenade au bord de la mer donne une impression de liberté c'est surtout parce qu'il y a en référence une situation où il y a des obligations. Il n'y a effectivement pas de liberté sans limites. Elle même a des limites et existe dans ces limites. La liberté absolue est un mythe. Si elle surgit avec nous ce n’est pas une réinvention de nous mêmes sans références extérieures. Elle a des racines. Elle est donc liée à une situation concrète et a besoin d’être reliée à d’autres réalités. Etre libre c’est accepter une condition pour y prendre appui. Les limites sont une force. Reconnaître que tout n'est pas possible n’est pas forcément de la soumission, c'est le début de liberté. Par ailleurs on ne peut considérer n'importe quelle situation en dehors d'autres réalités, au contraire, une des démarche de liberté consiste à prendre en considération les autres données possibles. La notion de limites sans laquelle on ne peut connaître, grandir, créer apprend à assumer un élément important par rapport à notre sujet: la réalité. Liée à une situation concrète, cela sous entend l'acceptation des conditions qui la composent pour y prendre appui. La "Conscience de la nécessité" est cité par Marx qui fut précédé par J. J. Rousseau qui en parle dans "l'Emile ou de l'éducation" où le parfait ne serait plus alors que dans le possible. "Être libre ce n'est pas désirer plus que ce que je peux obtenir". Ceci ne contredit pas ce dont nous avons parlé plus haut sur la nécessité d'un "ailleurs possible" qui est indispensable dans toute situation. Pour en revenir à la confrontation avec la réalité, nous rappellerons ici « la loi de la prise de conscience » (voir Claparède[1]) où cette dernière naît lorsque l'adaptation de l'individu ne se fait pas automatiquement, un effort à ce moment est demandé, surtout une attention, une mentalisation, qui va permettre le réajustement de l'action et où à ce moment le sujet va devenir acteur et non l'objet d'une situation qu'il ne domine pas. Non seulement on ne naît pas dans un monde isolé, où il y a les données du moment, mais aussi le monde actuel est déjà le fruit de toute une histoire. Connaître cette dernière, s'en servir pour relativiser le sens des situations est aussi indispensable. Les régimes totalitaires n'ont-ils pas tendance à supprimer ou modifier l'histoire? Aider l'enfant à connaître son histoire et à construire son identité. Mais il manquerait une dimension essentielle à préservation de la liberté si nous ne parlions pas des limites intérieures de chacun et qui se construisent à partir du moment où le tout petit enfant dit "non", terme qu'il est nécessaire de savoir dire de temps en temps de façon opportune tout au long de la vie: L'intériorité Voir les ouvrages d'A de La Garanderie[2] Si l'on reprend l'image de la promenade au bord de la mer, loin de tout, cette recherche de solitude ou d'isolement peut être interprétée comme étant celui de retrouver un espace de pensée, de retour sur soi, d'intériorité. La demande de se retrouver seul habitée par une certaine curiosité vis à vis de soi-même est une attitude constructive de ressourcement ou d'assimilation des connaissances. Ne pas avoir peur de la solitude, n'est ce pas un signe de liberté ? Avoir continuellement besoin d'être en compagnie peut en l'occurrence peser sur les autres, avec l’incapacité de s'assumer. Ne pas toujours être dans le faire, savoir s'arrêter, savoir se concentrer. L'enfant qui s'isole en suçant son pouce après une activité qui lui a demandé beaucoup de concentration n'a t-il pas une attitude pleine de sagesse? C’est une condition de la liberté intérieure qui relève de la domination et surtout de l'amour de soi même. Laisser un enfant rêver, traîner, recommencer une activité plusieurs fois, prendre son temps pour la mener jusqu'au bout, alors que tout le monde a déjà fini, donne l'occasion à l'enfant de découvrir, habiter, et pourquoi pas aimer ce qu'il va appeler: «moi-même". "Me reconnaissant toujours pour la cause principale de tous mes malheurs qui me sont arrivés, je me suis vu avec plaisir en état d'être l'écolier de moi-même, et en devoir d'aimer mon précepteur" disait un auteur du XVIII° siècle, G. Casanova Le libre choix et l'action libre. Si l'expression qui consiste à dire: "je veux faire ce que je veux, quand je veux, avec qui je veux, où je veux" peut se définir comme un désir d'absence de contraintes. Si cette phrase n'est pas vraiment réaliste, celui qui la dit se berne t-il tant que cela? En règle générale il sait que c'est impossible. Cela peut se comprendre aussi comme étant un désir de prendre ses décisions par soi même qui peut-être une demande indirecte d'apprentissage au choix. Liberté et pouvoir de choix qui met en oeuvre les ressources profondes de la personnalité, ne vont-ils pas ensemble ? Le langage de l'action libre est liée à" projet"," motif", "décision"," raison d’agir"," responsable". Apprendre à choisir c'est aussi apprendre à faire des projets et prendre une décision à la suite d'une évaluation. Cela sous entend de savoir analyser une situation, ce qui oblige à faire certains apprentissages comme de savoir observer, juger, connaître les valeurs auxquelles on se réfère. On retrouve là l'importance de la connaissance et surtout du discernement qui est une condition essentielle de la liberté. Tout s’équilibre: projet et motif, décision et raisonnement pratique. Dans un discours sur l'action il y a des projets parce qu'il y a des motifs, il y a des décisions parce qu'il y a des calculs. On décide quelque chose "parce que." Connaître le sens, le pour quoi, la raison, est important. Le principal est la raison et non la cause, disons plutôt, le sens. Cette signification est susceptible d'être communiquée à autrui, elle est rattachée à un ordre de choses psychologiques, morales, sociales, culturelles... Ce n'est pas l'arbitraire qui décide puisque le désir n'est plus une simple impression, il est mis à distance et peut servir de moteur. Cette démarche permet de se situer au coeur d'un ensemble où on va être le maître. Le choix fait, c'est dans l'articulation des fins et des moyens que l'oeuvre libre se construit. Le désir n’est plus une simple impression il est mis à distance en position de fin par rapport aux moyens à employer. Agir est différent de percevoir, connaître, comprendre, décrire. C'est différent du mouvement observé dans la nature. Pour ce qui est du choix et l'activité libre, comme nous l'avons vu plus haut, choisir demande de savoir faire l'inventaire de ses ressources, de ses différences et de ses particularités. Une sorte d'analyse de ses richesses, ensuite on se met en projet, mais pour cela il faut savoir anticiper à partir de ses expériences et c'est peut-être qu'à partir de cette démarche que l'on ose risquer, apprendre à voir, à imaginer le cheminement, à prévoir. Si j'invente, quelle est la part de mon passé, de ma culture, que je vais avoir à prendre en considération? "Se décider": auto implication de l’agent de l’action est un trait fondamental de l’action humaine. C'est aussi une condition de la responsabilité, cette liberté de se prendre en charge et de répondre de soi. "Si cela arrive c’est qu’on l’a voulu". Il y a différence entre constatation et action. Faire, c'est organiser, être efficace, agir sur l’extérieur et faire oeuvre de soi même en même temps. Mais pour que cette dernière soit réellement possible il faut pouvoir intervenir à échelle humaine, ne pas être loin de ce qui nous touche. (voir la loi de la proximité de J. Pestalozzi) Actuellement l'action est bien souvent à distance dans le temps et l'espace, ou alors on est dans l'immédiat, dans le magique. Nous sommes dépassés par nos nouveaux moyens techniques qui donnent une illusion de pouvoir. L’univers est de nouveau un abîme. Ce n'est pas comme l'artisan qui fait son oeuvre d'un bout à l'autre et est maître de la succession des différentes étapes, là sa responsabilité est directement engagée. Si la liberté est savoir affronter la réalité, celle-ci doit être constituée de façon à permettre à l'homme d'être un agent responsable en fonction de ses moyens. Attention à l'obligation de choisir!!!, on peut être dégoûté de choisir quand on n’a pas les moyens! Mais on peut avoir une illusion de pouvoir et être l'objet de ses pulsions. A ce sujet il est important d'être à jour sur la signification de: désir, intérêt, motif... "Etre sire de soi même" expression viking. Nous aborderons cette seconde partie avec cette question vue aussi avec des étudiants dont nous présenterons les réponses: Quand...nous ne nous sentons pas libres? Quand nous ne comprenons pas ce qui se passe et que nous ne pouvons pas décider. Lorsqu'on ne voit pas l’aboutissement de ce que l’on fait, Quand on est obligé de choisir alors qu'on a pas les éléments pour le faire, Que l'on est confrontés à des ruptures dans l'organisation de son temps, Lorsqu'on doit agir dans l’immédiateté... Quand on se sent acculé à...sans possibilité de repli. Quand on est surpris, Quand on ne peut pas se situer dans un ensemble cohérent. Quand nous avons peur, Que nous nous sentons menacés, Quand nous n'avons pas confiance, Que nous ressentons le pouvoir des autres, Que nous avons à faire à quelqu'un qui fait preuve de superficialisme, de rigidité, d'indifférence... Lorsque nous sommes confrontés à des multiplicités de possibles sans pouvoir choisir... Quand nous avons obligation de trop prendre en compte la nécessité ou le rentable. Que nous sommes enfermés dans des obligations qui n'ont pas de sens pour nous. Il est intéressant de noter que l'on peut regrouper beaucoup d'éléments autour desruptures dans notre espace temps, surtout quand elles nous sont imposées! Aussi le manque d'information et de sens à une situation dont on ne connaît ni l'origine ni l'aboutissement. Il y a aussi le manque de confiance et la pesanteur de l'environnement. A partir de cela: Comment la réalité doit-elle être constituée pour permettre à l’homme et aussi l'enfant d’être libres? L'espace Il est important d'avoir des repères dans l’espace et le temps, mais aussi d'avoir un temps et un espace à gérer. C’est à dire avoir un endroit à soi et des moments à soi! Apprendre à voir, à prévoir, à imaginer un cheminement, à saisir des rapports Avoir des activités qui donnent la possibilité de découvrir des liens Etre acteur dans une action globale, diverse, visible où il y a des liens. L’éducateur et l’éducation à la liberté Si l'éducateur donne toujours des conseils, l'enfant essaie de les suivre et ne prend pas l'habitude d'habiter sa pensée, son intériorité. La liberté se construit continuellement dans l'espace propre à chacun et avec de multiples outils. Un des buts de l'éducation est de les faire acquérir. Il parait évident que la première démarche de l'éducateur est la reconnaissance de la liberté non seulement chez l'autre mais en soi. En effet il y a des chances pour que l'éducation se fasse en fonction de l'expérience de l'éducateur par rapport à ce sujet et de ce qu'il en pense. Ce n'est pas simple car si il parait évident de dire que l'éducation à la liberté ne peut-être le fruit d'un dressage, d'une manipulation ou d'un conditionnement, n'arrive t-il pas quelquefois, ou même fréquemment, que ces différentes attitudes soient employées. Ne font-elles pas partie de la démarche éducative au moins comme étape! Les ruses, les stratégies, que ce soit sous forme de séduction, d'idées pédagogiques, d'arguments, de références aux principes, de bons droits, sont-ils toujours en harmonie avec la construction et l'expérience de la liberté? Il est difficile! Même avec une bonne expérience, de bons principes éducatifs de laisser l'espace à l'enfant pour qu'il puisse apprendre la liberté et ses exigences! Une des démarche de l'éducation serait aussi dans la retenue de ce que l'éducateur doit pouvoir ne pas dire, ne pas faire, afin de laisser la place à son interlocuteur. Savoir attendre, regarder... laisser prendre quelques risques, laisser l'autre réaliser à son rythme ce que l'on aurait fait plus vite, différemment et mieux... Ne pas vouloir combler, ne pas envahir l'autre avec des émotions, des sensations Alors "qu'on est là pour apprendre, pour montrer, pour faire faire..." Sinon! Comment l'éduqué va t-il pouvoir donner son propre sens à un espace qu'il n'a pas construit lui même? La vérité La liberté intérieure ne va pas sans vérité. En effet le mensonge et aussi les situations floues, ce qui est caché, le « non dit », désamorcent la confiance, faussent la connaissance d'une situation et enlèvent les moyens d'agir librement. Toute situation mensongère est hors liberté. L'autonomie Dans son activité, apprendre à compter sur soi même, ne sera pas le fruit de l'évitement des difficultés, ni même de l'échec. L'éducation n'est pas d'éliminer le difficile mais de faire qu'il soit accessible. Apprendre à l'enfant à travailler, à s’occuper seul. La mémoire Un autre outil qui donne confiance et permet d'élaborer son propre espace et le discernement est la mémoire. Cette dernière est le contenu de notre monde intérieur. Il est bon d'apprendre à l'enfant à se souvenir, à faire l'inventaire de ses ressources, de ses différences, à faire l'analyse de ses propres richesses. A faire un retour sur soi pour donner sens à sa vie. L'histoire Cette connaissance va peu à peu prendre place dans le temps, c'est à dire la connaissance de sa propre histoire, de celle de sa famille, de son pays mais aussi, la découverte d'autre lieux va donner la possibilité de prendre du recul, par rapport à sa propre façon de penser, de relativiser, pour ne pas se mettre au service de quelqu'un ou d'une idéologie aveuglément et là aussi de savoir prendre ses responsabilités. Le langage Le premier degré de la liberté est de pouvoir porter ses désirs au langage. C'est pourquoi les acquisitions dites scolaires sont des outils indispensables. Mais elles ne sont vraiment utiles que lorsqu'elles ne servent pas seulement à savoir ce que les autres pensent mais à apprendre à exprimer ce que l'on pense. Laisser un enfant aller jusqu'au bout de sa phrase sans l'interrompre! Est ce si facile que cela? Même si c'est simple! Ecouter... Permettre à l'enfant de développer son imagination et s'exprimer avec des mots précis, c'est lui donner deux outils indispensables pour acquérir sa liberté. Lui apprendre à dire ce qu'il ressent et à argumenter, l'aider à repousser ses propres limites qui pourraient l'enfermer, se situer par rapport à la projection de l'éducateur. L’aider éventuellement à parler sur sa souffrance est aussi une possibilité de la gérer. Proposer des moyens d'expression, faire de l’art, du théâtre, de la poésie... Répondre à cela par la confiance en soi! La confiance et les autres Cela sous entend dans un premier temps une certaine connaissance de soi, de sa propre valeur qui ne peut exister que si on a eu l'impression d'être aimé. On est libre par la foi en soi, la confiance, quand on a quelqu’un à aimer, et que l'on s'en sent responsable. Ceci ci est liée à l'amour et à l’impression d'exister qui commence à se construire avec le regard de la mère pour son enfant. Elle prendra un autre sens lors des interdictions maternelles et l'ouverture sur l'ensemble de la famille. (voir la 13ième lettre de Pestalozzi[3]) Etre attendu, avoir des obligations, se confronter... La connaissance de soi, des autres, de l'environnement se construit dans les limites et grâce à la confrontation avec elles. Entre le désir de les dépasser et celui de les accepter se situe la liberté. Donner sa confiance à l’enfant avec une juste mesure, en fonction de ses possibilités. Analyser les échecs, apprendre à ne pas en faire un drame. Que l'enfant ait des activités qui ont un sens, qui servent à quelqu’un, à quelque chose La loi Si le monde est constitué à l'intérieur de limites, il offre de multiples possibles. Mais ces derniers doivent faire l'objet d'une certaine protection et organisation et c'est ainsi que la morale politique entre en jeu dans la sauvegarde de la liberté. Il faut qu'il y ait un minimum de loi pour qu'il y ait liberté et initiative. Une bonne hygiène de vie Est-on libre quand on n’a pas assez dormi et que la mémoire fait défaut? Ou que nous n'avons pas assez ou trop mangé? Que nous avons froid... Enfin un minimum de bonnes conditions corporelles est souhaitable, mais un certain détachement aussi, là encore il est nécessaire de dire non au confort, pour faire son espace! Conclusions... Il y a des variables suivant les époques L’histoire de la subjectivité est profondément liée à celle de la liberté. Son surgissement en est un bouleversement. Après "l’infinitude" apportée par le christianisme, c’est le pouvoir de se détourner de Dieu. "Le cogito", de Descartes est le pouvoir du oui et du non, c’est la libre pensée au sens littéral du mot. Tout est dans l’action intentionnelle de la vie quotidienne ainsi qu’une recherche d’une action sensée au plan éthique et politique. Sur le plan de la société c’est une valeur qui a ses variables et qui change de lieu politique ou social, tel ou tel a le flambeau de la liberté. Elle se dévoile peu à peu dans à l’homme. Rien ne l’assure, on doit toujours la conquérir. Aider l'enfant à devenir libre est essentiel en éducation, ces deux pages ne font qu'aborder le problème. Certains sujets comme par exemple l'importance de la loi sont à peine évoqués. C'est une amorce... Bibliographie - Berge A.; "La liberté dans l'éducation"; scarabée; CEMEA 1961 - Reboul O.; "Philosophie de l'éducation"; collection "Que sais-je" n°2441; PUF; 1989 -Reboul O.; "Les valeurs de l’éducation"; PUF; 1992 - Lacroix Jean "le sens du dialogue"; - La Garanderie A.; "La motivation"; Centurion; Paris; 1991 - La Garanderie A.; "Comprendre et réfléchir" ; Centurion; Paris - Rousseau Jean-Jacques "l’Emile"; Flammarion; - Montessori M."L’enfant" et autres publications -Merleau-Ponty; "Phénoménologie de la perception"; Gallimard; 1945 -La Fontaine J. de la ; "Fables"; Le loup et le chien [1] Édouard Claparède, né le 24 mars 1873 à Genève et mort le 28 septembre 1940 dans la même ville, est un médecin neurologue et psychologue suisse. [2] Pédagogue français a publié des nombreux ouvrages, do « Les profils pédagogiques » Auteur de « La Gestion mentale ». [3] Dans son ouvrage : « Comment Gertrude élève ses enfants » |