VISITE DANS UNE HALTE GARDERIE EN PLEIN AIR
La structure se trouve près des boulevards extérieurs, dans le nord-est de Paris. 14 avenue Brunetière
75017 Paris Pour y accéder je longe un jardin public et j’arrive à un chalet en forme de cube en bois jouxté à un jardin : c’est là. L’ensemble est bien protégé de l’extérieur afin que les enfants puissent aller et venir sans des regards curieux. J’arrive dans le courant de la matinée. J’entre et de suite je me sens bien. Pourquoi ? Pas seulement grâce à l’accueil de Valérie Roy, la directrice et des autres adultes, Françoise et Naima, mais à cause de l’ambiance sereine que j’ai ressenti de la part des petits et grands. Plus : de la joie tranquille. Françoise est en train de jouer avec des bulles de savon, les enfants s’amusent à les attraper… ou pas, où vont-elles tomber ? Elle a incontestablement du plaisir avec ce jeu et le dit ! Au milieu de la pelouse un bac sur pieds avec de la belle terre noire que les enfants manipulent, s’ils en mettent par terre quelle importance… Encore… pourquoi je me sens bien : deux énormes platanes nous protègent et nous enveloppent. Dessous, une pelouse ou plutôt de l’herbe qui, dans sa simplicité rustique, offre aux enfants de multiples manipulations. Quel est le jouet qui donne à l’enfant la possibilité de faire le geste d’arracher des herbes à pleines mains, de les lâcher dans une brouette. Un geste d’ouverture–fermeture qui relie et éparpille, aboutit ensuite au transport des quelques brins d’herbe qui vont être disséminés par les copains ? Toute une évolution avec une origine et un aboutissement. Quand est-ce qu’un enfant peut vivre ce processus si ce n’est dans la nature ? Cueillir et semer est un mouvement de la vie. Tout simplement. Des « grands » garçons jouent avec d’énormes coussins en mousse de différentes couleurs, « structures psychomotrices » quelque peu malmenées grâce à tout l’espace dans lequel elles sont portées, jetées, pour construire. C’est lourd et la dimension exige de la force et de l’adresse. Là pas d’interdiction du style : attention tu vas faire tomber, l’expérience se fait en toute maitrise, alternant adresse et maladresse. Il y a toute la place pour porter, trainer, retourner, construire, à l’autre bout du jardin. Quel plaisir de pouvoir faire tous ces gestes dans leur amplitude sans retenue, mais avec mesure et en collaboration avec les autres. Valérie me dit que régulièrement la pelouse est arrosée et refaite une fois par an. C’est un lieu très expérimenté par les enfants, aussi un lieu de découverte de petites choses cachées. Il y a tant de petits lieux où se cachent des objets que seuls les enfants peuvent apprécier. Une petite fille me parle tellement bas que je ne comprends pas. Je ne sais que répondre et pourquoi répondre !…Par la suite elle se cachera dans une petite maison et elle m’appelle ! Une courte complicité ! Contre la grande vitre de la salle principale un coin dinette avec de quoi « faire la cuisine » et surtout une table sur laquelle se trouvent deux téléphones fréquemment fréquentés. Plusieurs fois l’un ou l’autre enfant m’apporte un écouteur. Un « parking » avec de nombreuses voitures, camions, brouettes est à la disposition des enfants. Des petites maisons sont éparpillées sur la pelouse…Tout le gros matériel pour que les enfants s’approprient leur motricité en toute harmonie. On crie, on tape, on s’appelle et le fond sonore est harmonieux ! Pas de saturation. J’ai été intéressée par le mélange des enfants, petits ou grands vont et viennent, les groupes se font et se défont spontanément. Il est 11heures 30, on regroupe tranquillement les enfants qui vont déjeuner, avec « un petit train » qui fait le tour de la pelouse : de la place et on a le temps. Aucun enfant « arraché » à son activité « car c’est l’heure ». Ça se fait tout seul. JE N’AI NOTÉ AUCUNE PHRASE D’INTERDICTION ! Aucun conflit que ce soit entre enfants ou avec les adultes. C’est une réelle liberté avec les limites normales, mesurées mais bien plus lointaines que dans un lieu fermé. Chacun gère son activité à son rythme. Au moment de partir je vais saluer le personnel qui me redit combien elles sont heureuses de travailler ici. Quelques échanges avec la directrice : nous comptons le nombre d’accueil en plein air à Paris : cinq ! La crèche qui se trouve à côté qui a un jardin ne veut pas sortir les enfants « à cause de la pollution de la ville ». Et celle de l’intérieur de la crèche…Alors que peut-être emploie-t-elle des produits de nettoyage toxiques. Nous échangeons sur le « chemin » en revêtement caoutchouteux qui fait le tour de la pelouse qui est prévu contre les chocs, mais risque d’être toxique. Alors qu’il en existe en fibre naturelle[1]. Pareil pour le mobilier extérieur comme les petites maisons en plastique ou les structures de psychomotricité. Mais le matériel écologique est très cher. Les enfants sont dehors plus ou moins à 80% du temps. Cela dépend de la météo. Un moment de bien être durant toute cette visite, qui confirme l’importance de l’enfant en plein air. Alors pourquoi certains responsables d’accueil de la petite enfance ont peur que les enfants « sentent le vent sur leur joue » comme l’a dit une petite fille ? LIBRES ENFANTS DU PLEIN AIR Qu’est-ce qu’une halte-garderie semi-plein air ? Cela ressemble à une halte-garderie classique, la seule différence réside dans l’accueil des enfants qui s’effectue plus dans l’espace à vivre extérieur qu’intérieur. Dans une halte-garderie semi-plein air, les enfants restent dehors 80% sur l’année et 20% à l’intérieur. Ce type de structure est répandue en Europe du nord. En Scandinavie, en 1985, une première structure « l’Ur Och Skur » (Sous la pluie et sous le soleil) est née. Dans ces pays, il n’existe pas d’école maternelle mais ces crèches ouvertes de 8H30 à 14H30 qui accueillent les enfants immergés en plein air durant 80% du temps. Ces structures possèdent toutes une maison ou une salle de vie en cas d’intempérie trop forte (trop basse température, fortes pluies, vent violent). La halte-garderie où s’est effectuée la recherche possède donc un grand jardin extérieur de 150 m2 délimité par un grillage entourant l’espace afin de le sécuriser. Les enfants vont y passer un maximum de leur temps sur toute la semaine. Des dispositifs pensés par les professionnelles, (coin garage, coin poupée, coin dinette, des roulants de toute sorte : draisiennes, trottinettes, camions, motos) sont installés dans ce grand espace. Une grande pelouse centrale naturelle avec deux grands platanes est proposée aux enfants pour des jeux libres de toute sorte. Une piste cyclable fait le tour de ce jardin. Cette recherche atteste que de nombreux enfants mettent en place des jeux très habiles avec leurs petites mains dans l’espaces extérieur du jardin, des jeux variés. Voici une observation, celle du vendredi 27 octobre 2017 « J’observe un jeu d’enfants. Les enfants sont 20. à suivre page 72 de : Petite enfance en plein air, Valérie Roy [1] Voir à ce sujet : https://www.m-habitat.fr/sols-et-plafonds/composants-toxiques/les-sols-en-pvc-sont-ils-dangereux-pour-la-sante-591_A [1] |