- Johann Pestalozzi 1746-1827
PESTALOZZI : Voir page 61 dans "Les pédagogues dans l'histoire", ed chronique sociale Ses idées principales
Un texte extrait de: "COMMENT GERTRUDE INSTRUIT SES ENFANTS" La 13ème lettre" "L'enfant sur le sein de sa mère" notait-il, en 1782 déjà, "est plus dépendant et plus faible qu'aucune créature de la terre mais c'est là qu'il ressent les premières impressions morales de l'amour et de la reconnaissance. La moralité de l'homme n'est que le résultat du développement des premiers sentiments d'amour et de reconnaissance éprouvée par le nourrisson". "Je me demande comment j'en viens à avoir pour les hommes de l'amour, de la confiance, de la reconnaissance et de l'obéissance; comment viennent dans ma nature les sentiments sur lesquels reposent essentiellement l'amour, la gratitude et la confiance envers les hommes, et les actes par lesquels se forme l'obéissance humaine. Et je trouve qu'ils ont, avant tout, pour point de départ: les relations qui existent entre le petit enfant et sa mère{...). L'enfant est soigné, il est réjoui. Le germe de l'amour est épanoui en lui. Les germes de l'amour, de la confiance, de la gratitude ne tardent pas à se développer. L'enfant connaît le pas de sa mère, il sourit à son ombre, si quelqu'un lui ressemble, il l'aime: une créature qui ressemble à sa mère est une créature bonne. Il sourit à la forme de sa mère, il sourit à la forme humaine; quelqu'un que sa mère aime, il l'aime aussi: quelqu'un que sa mère étreint, il l'embrasse aussi {...). Le germe de l'humanité, le germe de l'amour fraternel s'est épanoui en lui. "(...) Le développement du genre humain a son point de départ dans un désir violent de satisfaire les besoins des sens. Le sein maternel apaise le premier orage de désir sensuel et en gendre l'amour. C'est maintenant sa mère qui se montre inflexible à ses désire désordonnés; l'enfant se démène et pousse des crie; elle continue d'être inflexible: il cesse de crier, il s'habitue à soumettre sa volonté à celle de sa mère; les premiers germes de la patience, les premiers germes de l'obéissance sont éclos. "Obéissance et amour, reconnaissance et confiance réunis épanouissent le premier germe de la conscience, la première lueur du sentiment qu'il n'est pas bien de se démener contre une mère aimante, la première lueur du sentiment que sa mère n'est pas au monde rien que pour lui; la première lueur du sentiment que tout dans ce monde n'est pas pour lui; et avec ce sentiment germe encore ce second sentiment que lui aussi n'est pas dans ce monde rien que pour lui; la première lueur du devoir et du droit est près d'éclore." Johann Heinrich Pestalozzi ou « La tête, le cœur, la main » J. Heinrich Pestalozzi est considéré comme le successeur direct de Rousseau. Après avoir tenté de mettre en pratique certaines de ses idées, il va y apporter de profondes modifications. Sans créer de méthode très organisée, il va influencer la pédagogie en insistant sur l’approche globale de l’enfant. Pour lui il est important de le considérer dans ses trois dimensions : le penser, le vouloir et le pouvoir, exprimé sous une autre forme : la tête, le cœur, la main. L’enseignement scolaire devrait prendre en considération la vie affective de l’enfant, mais aussi lui donner la possibilité de faire des expériences. Ainsi il apprendra avec tout son être. J. Pestalozzi publie en 1801 un ouvrage qui s’intitule : « Comment Gertrude élève ses enfants » où il présente sa méthode. Cet ouvrage est écrit sous forme de missives à son éditeur. La treizième lettre exprime l’importance de la première relation entre la mère et son bébé. C’est avec sa mère que l’enfant va découvrir l’amour et les limites. Elle le soigne, il est réjoui. C’est dans cette relation que naissent les premiers sentiments chez le bébé. Lorsque l’enfant a peur d’un objet nouveau, sa mère le rassure et le réassure avec ses bras protecteurs. La confiance, l’amour, l’amour de l’humanité l’envahissent.[2] Les sentiments qui se révèlent à l’enfant dans les bras de sa mère le préparent à comprendre la beauté, à y être sensible car il la regarde et la gratitude l’envahit. En 1803 J. Pestalozzi fait paraître le : « Livre des mères. » Son intention y est d'initier l'enfant à la connaissance des objets de la nature et de l'art. Une de ses expériences éducatives se passe auprès des orphelins. Il est à Stans en 1798 avec quatre-vingt enfants. Les locaux ne sont pas prêts, certains enfants doivent dormir à l’extérieur d’où ils reviennent dans un état pire que le précédent. Ils sont plein de vermines, de gale si profonde qu’ils peuvent à peine marcher, décharnés, les yeux pleins d’angoisse, menaçants. Habitués à la mendicité, ils sont méfiants, insensibles et farouches. Il les accueille seul avec sa femme. Malgré toutes les difficultés il crée une ambiance familiale dans son internat. Ses qualités de cœur éveillent celles des enfants. Il fait confiance dans leur nature, dans leur expérience de la vie. Voici ce qu’il exprime dans sa fameuse « lettre de Stans »[3] : « Les enfants sentirent bien vite qu'il existait en eux des forces qu'ils ne se connaissaient pas, et surtout ils acquirent un sentiment général de l’ordre et de la beauté. Ils eurent conscience d'eux mêmes, et l'impression de fatigue qui règne habituellement dans les écoles s'évanouit de ma classe comme une ombre: ils voulaient, ils pouvaient, ils persévéraient, ils réussissaient, et ils étaient joyeux… et ce sentiment élevait leur esprit et leur cœur.» Les effets de la beauté C’est une réelle transformation où les enfants se révèlent meilleurs que ce qu’ils ont laissé à penser. Les effets de son éducation sont produits par les sentiments et non par des mots. Il prend soin des enfants comme une mère, avec des petits détails de la vie, mais assume aussi le rôle du père plus exigeant. Les paroles se rattachent toujours aux évènements. Pour J. Pestalozzi l’attention des enfants n’est possible que si on a ouvert leur cœur à ce qui est beau et moral. Ils se voient alors un avenir meilleur que ce qu’ils ont vécus jusque là. L’éducateur leur montre ce qui est beau et laid et ce qui est juste et injuste avec des faits de la vie courante. Il relie beauté et connaissance. Elles ont besoin l’une de l’autre. Il ne supporte pas dureté et grossièreté. Par contre il croit à la simplicité et rejoint ici Jean Jacques Rousseau. Il croit à l’attachement à des vérités simples qui seront plus fortes que les préjugés. Il croit aussi à l’harmonie. A l’école les enfants s’enseignent mutuellement. On y pratique des activités artistiques comme la musique et le chant. Les enfants découvrent aussi la beauté dans des excursions. « La mémoire, en saisissant une mélodie et des chansons, développe dans l'âme un sens de l'harmonie et des sentiments élevés. Il existe donc un art qui permet de préparer par la seule mémoire, d'une manière générale et avec sûreté, les enfants à toute forme d'exercice de l'esprit. Le résultat de ces exercices provoqua chez mes enfants non seulement un accroissement de la réflexion, mais manifestement aussi un développement qui affectait l'ensemble des forces de l'âme et donnait naissance à une disposition d'esprit générale dans laquelle je voyais se développer sûrement les germes d'une sagesse humaine appliquée à de multiples objets. [4]» La beauté accompagne l’évolution des enfants. Elle leur révèle leurs forces. [2]Pestalozzi Johann, « Comment Gertrude instruit ses enfants » Libraire Delagrave page 223 Pestalozzi J.; « Comment Gertrude instruit ses enfants », introduction et notes de Michel Soetard. Ed Castella. 8 Lettre de Stans, de Heinrich Pestalozzi 1899 Traduite par Michel Soétard (éd. Zoé avril 1996)[4] Op. cit page 33 Bibliographie - Casmopoulos A.; « Relation pédagogique à partir de l’œuvre de Pestalozzi. » - Houssaye J.; sous la direction de "Quinze pédagogues, leur influence aujourd'hui" Armand Colin; 1994 pages 37 à 50 - Malche A.; "Vie de pestalozzi"; ed. Payot; Meylan;1946, - Pestalozzi J. ; "Comment Gertrude instruit ses enfants", traduit de l’allemand par E. Darin, introduction de F. Cadet, librairie Delagrave - Pestalozzi J.; « Comment Gertrude instruit ses enfants », introduction et notes de Michel Soetard. Ed Castella. - Pestalozzi J. ; "Léonard et Gertrude"; ed. La Baconnière, Neuchâtel, 1947 - Pestalozzi J. ; "Le chant du cygne" et "Mes destinées"; traduction intégrale de Léon van Vassenhove; éditions de la Braconnière, Neuchâtel, - Piaton G.;« Pestalozzi »; ed. Privat, 1982 - Pinloche A. ; “Pestalozzi”, librairie Alcan - Ramsauer J.; "Dans l'amitié de Pestalozzi"; Ed. Centre de documentation et de recherche Pestalozzi; Yverdon les bains; 1994 - Soetard M. ; « Pestalozzi » PUF ; collection Pédagogues et pédagogie ; 1995 - Soetard M. ; "Johann Heinrich Pestalozzi"; ed. Coeckelberghs, Lucerne; 1987 - Soetard M. ; "Pestalozzi" collection "Les grands suisses" Lucern-Lausanne; R. Coeckelberghs; 1987 - Vaucher J. ; « Pestalozzi, un pédagogue suisse contemporain d’Oberlin », cassette sur une conférence au musée d’Oberlin à Waldenbach, août 1992 Sites http://www.centrepestalozzi.ch/ On y trouve les dernière parutions sur Pestalozzi, les derniers documents , les C.D., les vidéos, le contenu de la bibliothèque et différents tarifs pour se procurer des ouvrages ou articles. Ce centre édite des bulletins sur Pestalozzi et sa pensée. Travail inédit! Bien documenté. http://www.meirieu.com/Pestalozzi.htm |