les fêtes
L’origine et le sens des fêtes Il faut remonter loin dans le temps pour atteindre l’origine des fêtes traditionnelles. Depuis longtemps les hommes cherchent à se relier au cosmos : au soleil, c’est à dire à la lumière et la chaleur qu’il nous donne, à la terre ou à l’eau, qui nous nourrissent. En résumé : à la vie qui passe et qui nous dépasse… Les saisons et leur déroulement sont rejoués au cours de rites afin de conjurer la peur que leur enchainement soit interrompu. C’est pourquoi il y a de nombreuses cérémonie ou rites autour du solstice d’hiver, par exemple. Si les fêtes et le jeu sont dans la même sphère c’est qu’à la base de leur démarche se trouve un désir de relation avec ce qui nous questionne et que nous ne pouvons pas dominer ou même comprendre. L’homme se sent lié à l’Univers et au déroulement du temps qui passe. L’alternance de l’hiver, le froid et l’été le chaud et la lumière, le rythme du temps qui passe, c’est son propre rythme qui relève d’une réelle connaissance de soi. Les fêtes ont-elles une dimension religieuse ? Oui, dans la mesure où elles cherchent à relier[1] les hommes avec une dimension cosmique de la vie. Ce sont les fêtes des religions païennes qui ont existé dans notre culture, sur lesquelles sont venues se greffer celles des religions révélées. Elles existent encore dans les cultures où les religions sont animistes. Les fêtes qui marquent la fin d’une période s’insèrent dans les fêtes traditionnelles, que ce soit la fête de fin d’année civile : le jour de l’an, la fête de fin d’année scolaire, ou tout simplement l’anniversaire de quelqu’un. C’est le rite de passage en quelque sorte. Celui qui marque toute évolution, qui aide celui qui grandit à quitter et se lancer avec confiance dans une nouvelle époque. Il y a aussi les fêtes patriotiques, celles qui rappellent un évènement. Les fêtes commémoratives comme le 14 juillet ou les souvenir de fin de guerre. Elles peuvent être aussi régionales, comme la fête de Saint Nicolas que l’on fête dans l’Est de la France et le Nord. Les fêtes existent donc dans toutes les cultures. Elles ont une dimension humaine profonde. Une dimension existentielle. Elles incorporent l’humain dans le temps. Elles sont un repère. On les attend, on les réalise, on en parle… Elles sont là immuables! Même si ceux qui la font n’en connaissent pas le sens, ni l’origine, elles sont immuables. Transmises par les familles, par les institutions, par les structures des Etatiques ou religieuses. Elles se font dans les familles, dans la rue, dans les commerces, dans les institutions…Récupérées par la gente mercantile, elles nous envahissent quelquefois. Elles ne savent pas être discrètes, elles s’imposent ! Elles sont souvent bruyantes, colorées. Elles réunissent du monde, petits en grands, elles revêtent quelque fois un cadeau que les grands font au petits, elles sont un coté mystérieux… [1] L’origine du terme religion est « religare » : relier. Il n’est pas simple d’en connaître l’origine, la retransmission se fait pas la force de la tradition et les explications quant à leur sens ne sont pas simple à obtenir, c’est comme le jeu, les fêtes sont là. Saint Nicolas Le 6 décembre il y avait dans mon enfance la foire de Saint Nicola, en Champagne: Il serait né au III ième siècle en Asie Mineur dans la Turquie actuelle. Il aurait fait de nombreux miracles : Il aurait sauvé trois enfants du saloir, mais aussi trois soldats romains. Il y a l'histoire des jeunes filles sauvées de la prostitution car leur père voulant les vendre pour cet usage, Saint Nicolas, leur donna une dote afin qu'elles puissent se marier honorablement en mettant de l'argent dans leur chaussettes dans la cheminée. A la fin du XI ième siècle il devient le patron des lorrains car un sire lorrain aurait rapporté une de ses relique à Saint Nicolas le Port. Au XV et XVI ième siècle il devient patron des enfants, dans la nuit du 5 au 6 décembre, dans le nord et en Belgique, les Pays bas, l'Allemagne, l'Autriche. En Espagne il arrive en bateau, les enfants déposent leurs souliers et il donne des cadeaux, des pommes, des poires, des fruits secs et plus tard du pain d'épices. Au siècle dernier on fêtait le "bonhomme de l'année" ou le "père Janvier" qui dépose les cadeaux dans les souliers. Les russes attendent Babouska, le 1° janvier ainsi que père Gel. Babouska aurait refusé de suivre les rois mages et pour la peine elle doit distribuer des jouets. Dans certaines régions d'Allemagne c'est aussi une femme mi sorcière, mi fée issue de la mythologie païenne qui distribue des cadeaux. Au XIX ième siècle va naître aux Etats Unis le dernier né après Saint Nicolas qui étant d'inspiration catholique aurait été remplacé par un autre personnage créé par les protestants en 1822 par le père Clément Claarck Moore, professeur de grec qui transforme saint Nicolas en père Noël pour ses propres enfants en écrivant un poème qui a du succès: "La visite de saint Nicolas". La période de Noël C'est le solstice d'hiver. C'est sur le plan cosmique une époque importante car on a peur que le soleil ne revienne pas. Depuis toujours les hommes ont peur de l'hiver car la nature semble mourir. Les humains sentent monter l'angoisse, les réserves diminuent, il faut tromper l’inquiétude, trouver la force de vivre, croire que les jours vont renaître, que la lumière va revenir que les jours vont rallonger. Pour vaincre la peur on invente des rites, des fêtes plus ou moins magiques autour du solstice d'hiver. On fait des processions à la torche, des rites autour du feu et des morts. Il y a 12 jours entre Noël, le 25 décembre et l'Epiphanie le 6 janvier, le jour de l'an est au milieu. Ces deux fêtes sont importantes suivant les régions. Ces douze jours s'appelaient "les douze petits mois". Les Sumériens fêtaient cette période. C'est un moment où le temps s'arrête. Les jours sont fixes. Les activités humaines se calquent sur celles du ciel, donc c'est un temps de pose pour tout ce qui roule. Dans la tradition scandinave les hommes devaient abandonner tout mouvement rotatif. La fête de "Yeola" était la grande fête hivernale d'Odin ou Wothan (dieux teton) célébrant la renaissance du soleil. Ce dernier apporte des cadeaux. Les festivités durent 12 jours. En Chine on expulsait les mauvais esprits pour aller au devant du neuf. De jeunes garçons avec des torches dansent la danse des douze animaux, puis des cavaliers, se saisissent des torches et vont les jetter à la rivière. C'est donc une période de purification. Les Saturnales À l'époque romaine, les Saturnales, fête religieuse, étaient fêtées à Rome et dans les provinces romaines du 17 au 24 décembre. Elles célébraient le règne de Saturne, dieu des semailles et de l'agriculture. Elles étaient la manifestation de la fête de la liberté (libertas decembris) et du monde à l'envers. Jour de liberté des esclaves à Rome, ces derniers devenaient les maîtres et les maîtres obéissaient aux esclaves. Les Saturnales ont laissé des traces au Moyen Age dans la fête des fous. Avant le christianisme le culte de Mitrha ancien dieu perse, du soleil, est important, le solstice d'hiver est sa renaissance. Dès les premières années, chez les romains et les bretons et les gaulois il est répandu. Dès le début du christianisme le culte de Mithra, le dieu du soleil se fête le 25 décembre où on fêtait, par le sacrifice d'un taureau, le Sol invictus (Soleil invaincu) correspondant à la naissance de ce jeune dieu solaire, qui surgissait d'un rocher ou d'une grotte sous la forme d'un enfant nouveau-né. Venu de Perse, le culte de Mithra s'est répandu au IIIe et IVe siècles av. J.-C. Ce culte présentait de nombreuses similitudes avec des cérémonies et des rites chrétiens : baptême, hostie, repos du dimanche. La bûche de "Jul" dieux celte, ancêtre de la bûche de Noël, était le symbole du soleil renaissant. Au XVI ième siècle on mettait une grosse bûche sur les genets, quand elle avait pris, la maison se rassemblait; le plus jeune enfant prenait dans sa main droite un verre de vin, des miettes de pain, une pincée de sel, dans la main gauche il tient un cierge allumé et on se découvre. Au signe de croix il jette une pincée de sel à l'autre bout du foyer, et il dit au nom du père etc... On conservait le charbon qui avait une vertu bénéfique. Dans des régions comme le Limousin on dépose aussi des grains de blé qu'on nommait les douze mois. Ces grains torréfiés tombaient en avant ou en arrière indiquant les variations du prix du blé. Dans la liturgie catholique à partir du 17 décembre on nomme le Christ de plusieurs façons: Sagesse, Seigneur, rejeton de Jessé, clé de David, O Lumière, roi des nations jusqu'au 23 décembre: Emmanuel, "Dieu est avec nous". Il a été annoncé par les Cybilles (on les voit dans la cathédrale d'Amiens) : l'enfant qui allait naître aurait un nom de 8 unités, 8 dizaines, 8 centaines. Dans les lettres grecques chaque lettre correspond à un chiffre et "Jésus" correspond à 888. L'Eglise prend la place en quelque sorte avec la naissance du Christ qui est le renouveau. Le 25 décembre est celui du "Soleil inconquis". Cela ne parait pas être la véritable date de naissance puisqu'elle correspond à un recensement qui n'a pas eu lieu à cette époque. C'est plutôt une date symbolique. (En fait la véritable date serait le 1° mai) Ce n'est qu'en 354 qu'on fixe la fête de Noël le 25 décembre. La venue au monde de Jésus était déjà commémorée le 6 janvier dans l'Eglise d'orient. Noël vient de Naêl, Natalis, Nativité . C'est aussi le Nouvel Hélios, "nouveau soleil". Ce fut aussi une période de trêve pendant les guerres. Les rois se font couronner à cette date, dont Charlemagne. Le premier Noël fut fêté en 138, mais ce n'était pas une fête très importante, on la fêtait soit en janvier soit en mai. C'est au IVième siècle qu'on a choisit le 25 décembre car c'était le jour où les romains fêtaient la fête du dieu soleil c'était une façon de remplacer une fête par une autre. Le Père Noël et autres personnages Le père Noël aurait des origines récentes et très anciennes. Si on se réfère aux dieux Celtes il y a Gargan, fils de Belle grand dieu celte, qui portait une hotte et des bottes. C'était un géant bienfaisant qui faisait des montagnes en déversant sa hotte. Il va dans la littérature, donner naissance à Gargantua. Thor est les fils d'Odin et de Jord. Dieu scandinave germain, du tonnerre et de la pluie bienfaisante, représenté par un vieillard jovial et joufflu avec barbe blanche, aime la couleur rouge, habite dans un palais de glace, dans le grand nord et se déplace en char, est attiré par les cheminées par lesquelles il passe pour retrouver le feu. C'est le dieu des paysans, le plus joyeux et le meilleur. Mais il y avait d'autres personnages, des vierges, des fées, des croque-mitaines, des diables, des sorcières. En Catalogne Sainte Catherine dépose des cadeaux sur les bords de fenêtre des jeunes filles En Rhénanie sainte Barbara accompagne saint Nicolas le 4 décembre. Sainte Lucie le 13 distribue des roues en pâtisserie Saint Thomas arrive le 21 décembre en Bohème. Arrivent ensuite les cultes de saint Martin et saint Nicolas Le jour de l'an, Saint Sylvestre est le premier pape après l'avènement de Constantin à ne pas être mort martyr. Il a vécu entre 314 et 335. En Orient c'est le 6 janvier. Cette dernière date est importante aussi en Occident à cause de la fête des Rois mages. Ces derniers sont plus mages que roi. Leur venue représente l'ouverture sur le monde entier. l'or est la royauté, l'encens, le prêtre, la myrrhe, le prophétisme. Epiphanie signifie "ce qui brille au delà". La Pentecôte vient 50 jours après Pâques. Penta vient de 50 qui est relation avec le nombre d'or, c'est la plénitude de Dieu. Le mois de mai: En Grèce c'est la déesse " Maya" qui a donné son nom à ce mois. C'était le mois de la purification, on lavait les temples des dieux ainsi que les statues. Chez les Celtes le mois lunaire va du 13 mai au 9 juin, son symbole est l'aubépine. On faisait un feu purificateur: le feu de "Belt" le dieu solaire gaulois. Les troupeaux passaient entre deux feux. C'est comme le "feu nouveau" de la veillée pascale. Dans la tradition européenne c'était le grand sabbat des sorcières pour fêter l'apogée de la renaissance printanière, l'entrée dans l'été. C’est à dire un changement d’époque, comme par exemple, le 31 octobre veille de la Toussaint est l'entrée dans l'hiver. La fête se déroule plutôt dans la nuit du 30 avril au 1 ier mai. Il y eut un essai catholique lors de l'évangélisation de l'Allemagne au 8 ième siècle on fêtait la Sainte Walpurgis. Mais cette nuit devient la nuit des démons et des sorciers sur la montagne d’Allemagne (voir Goethe) alors on invoque la sainte pour conjurer les sorciers. Dans certaines régions en France, dans l'Ouest, dans la nuit des objets laissés dehors sont déplacés...par les sorcières. Si on veut retrouver ses affaires il faut les ranger. Aussi on met un bouquet devant la porte des maisons où il y a une jeune fille à marier et la plante que l'on met est significative. En Bretagne: on craint les sorts contre le lait et le beurre Dans le Rouergue, Dauphiné et Maurienne le curé bénit les animaux. Dans le Dauphiné on fait l'élection de la reine de mai, et c'est un jeune garçon déguisé en fille. On quête pour constituer la dote d'une jeune fille pauvre. En Alsace les petites filles habillées en blanc collectent des œufs, mais actuellement cela se fait à Pâques. Comme pendant le mois de mai la sexualité des plantes est à son apogée, elle met celle des hommes en danger, c'est pourquoi on ne se marie pas, c'est le mois de la virginité, et de la chasteté. La fête du muguet est récente. Elle aurait commencé en 1560 où on offre à Catherine de Médicis du muguet comme symbole de bonheur. Le muguet était inconnu dans l'antiquité, ce sont les guérisseurs russes qui l'ont découvert et c'était une plantes employée pour soigner le coeur. Au XIX ième siècle les couturiers parisiens offraient du muguet aux "petites mains" et à leurs clientes. Depuis 1947 c'est la fête du travail. On a le droit de vendre du muguet sans payer de taxe. Les saints de glace Dans la dernière partie de la lune rousse, c'est à dire celle qui suit Pâques, se situent les rogations. Cette cérémonie est très ancienne, elle fut instituée en Gaule au IVe siècle. Son but était d'obtenir la fin des calamités qui menaçaient la région de Lyon et de Vienne. C'est devenu une cérémonie pour demander une bonne récolte. Comme il risque un retour du froid à cette période on allait en procession pendant trois jours: un pour les foins, l'autre pour la moisson, l'autre pour les vendanges. Les trois saints sont: Saint Mamert le 11 mai, Saint Pancrace le 12 (décapité à Rome à l’âge de 14 ans le 12 mai 304) Saint Sevais le 13 mai. Le 15 août Fête orthodoxe, très ancienne en orient depuis le VIe siècle sous le nom de la Fête de la dormition de la Vierge Marie. Depuis le 8e siècle c'était l'usage dans l'Eglise catholique de faire une procession en l'honneur de la Sainte Vierge. En France cette procession se déroule pour accomplir les voeux du roi Louis XIII qui en 1638, consacra son royaume à Marie Notre Dame de l'Assomption, patronne principale de la France. Le 11 Novembre, Saint Martin originaire de Hongrie mais qui a vécu Tours, descend près d'un feu (Belgique, Allemagne, Hollande) avec fruits et gâteaux. Bibliographie Armand Hélène; Pedrotti Christian; "Rêves de Noël" éditions "Artisans des villes", NEVA 2005 Coindoz Michel, « Le père noël, produit d’importation ? » Historia, N° 516, page 46 Lepagnol Catherine, « Biographies du Père Noël, Hachette 1979 Lebrun Françoise, « Le livre de Noël », Robert Laffont, 1983 Lebrun Françoise, "Le livre de Pâque, la pâque juive, les pâques chrétiennes, les fêtes du printemps" , R.Laffont, 1986 Pelt Jean Marie, « Fleurs fêtes et saisons » de Villaines Béatrice; D'Andlau Guillaume; "Les fêtes retrouvée, fêtes et traditions populaires" (Belgique, France, Luxembourg, Suisse) Casterman, 1997 Mechin Colette; "Saint Nicolas" , Berger-Levrault 1978 Perrot Martyne « Ethnologie de Noël » Weiser, F.X. « Fêtes et coutumes chrétiennes : de la liturgie au folklore », Mame, 1972 Un riche bibliographie se trouve souvent dans les bibliothèques municipales au moment des fêtes |