l'enfant et l'animal.
webographie en référence aux articles des "prosdelapetitenfance" :
https://lesprosdelapetiteenfance.fr/vie-professionnelle/biblio-pro/lenfant-lanimal-une-relation-pleine-de-ressources https://lesprosdelapetiteenfance.fr/vie-professionnelle/lagenda-des-manifestations/10-decembre-2018-colloque-animaux-animomes https://lesprosdelapetiteenfance.fr/initiatives/psycho-pedagogie/des-chiens-la-creche https://lesprosdelapetiteenfance.fr/initiatives/developpement-durable/une-mam-tres-ecolo D'après Hubert Montagner (psychologue) : L'enfant communique avec l'animal par les contacts, l'odeur, la sensualité et les rythmes de l'être. Il semble que cette propension à comprendre l'animal soit innée chez l'enfant. La recherche fondamentale étudie les mécanismes de communication qui s'établissent entre l'homme et l'animal de compagnie ainsi que les effets physiologiques et psychologiques de cette relation. Dans ce domaine, l'équipe du Professeur Hubert Montagner a beaucoup avancé. Les premiers résultats tendent à montrer que l'enfant a plus de comportements de caresse lorsqu'il s'adresse à une chienne et ce d'autant plus que celle-ci n'est pas trop jeune et n'est pas de grand format. L'âge de l'enfant est une variable importante dans la nature des communications entre celui-ci et son chien; entre deux et trois ans, l'enfant privilégie surtout des comportements de lutte vis-à-vis de son chien; entre trois et quatre ans, ce sont essentiellement des comportements d'apaisement que l'enfant émet; entre quatre et cinq ans, ce sont les interactions médiatisées par un objet qui prédominent (jeux de lancer de balles etc). Pour Montagner, "la période de trois ans est ressentie, dans le développement de l'enfant, comme une époque où il est très sensible au comportement de sa famille. A ce moment précis, nous sommes persuadés que le chien peut contribuer à la régression du comportement d'agression et d'isolement. C'est l'année de la "ritualisation claire". Chaque regard, chaque posture, chaque mimique, chaque geste, chaque parole apparaissent comme autant de signaux captés par le chien". Les rapports entre l'enfant et l'animal s'appuient sur des systèmes de communication qui ne passent pas par la parole. Ces deux êtres ont la capacité de se comprendre sans se parler et cette relation est d'autant plus intense qu'elle est véhiculée par des "outils" que l'adulte a effacés de son registre. Les gestes, les positions du corps, le port de la tête, les attitudes du visage permettent très certainement à l'animal d'appréhender l'état émotionnel de l'enfant. Ce dernier de son côté quêtera sans cesse les réactions de son compagnon familier. Hubert Montagner a montré que dans les séquences d'actes que l'enfant réalise lors d'une tentative de sollicitation, une posture est apparue comme très efficace pour déclencher un échange postural, gestuel, verbal et l'offrande d'un objet. Il s'agit de l'inclinaison de la tête sur l'épaule, et parfois du tronc, accompagnée ou non d'éléments posturaux, de gestes et de mimiques. Un des plus grands problèmes sociaux de l'humanité, depuis le mythe de la Tour de Babel, reste les difficultés des individus à se comprendre. La communication est souvent considérée sous son aspect verbal et l'on oublie qu'il en existe d'autres modes, notamment gestuels. Dans le domaine affectif, les inhibitions réduisent le vocabulaire et aboutissent à des restrictions paupérisantes. L'animal permet une expression élargie car il se situe au delà des inhibitions sociales : ainsi un enfant en apparence incapable d'affection déborde de tendresse avec son chien et le manifeste par des mots, des caresses et des embrassades. Enfant et chiot parviennent à communiquer parfaitement, l'enfant décodant sans peine les signaux (mimiques, jappements, postures, regards éloquents...) de l'animal et inversement. L'enfant en mal de confidences peut tenir dans l'oreille de son compagnon à quatre pattes de longs monologues et l'animal ressent souvent correctement leur tristesse ou leur joie et parvient à s'y adapter parfaitement. DES CHIENS ET DES ENFANT Dans la cour de la bibliothèque de ma petite ville, j’entends des cris de joie, deux petits enfants de plus ou moins deux ans sont tout excités de voir deux chiens. Ils vont vers eux en toute confiance. Les maîtres sourient de voir cette belle rencontre : un chien noir et blanc s’assoit, ne bouge pas, se laisse caresser par ces petits mains maladroites et douces, les chiens savent faire cela : ne pas bouger quand les enfants les caressent. L’autre chien est légèrement en mouvement mais se laisse aussi caresser. Les maîtres et les parents sourient, s’attendrissent devant cette scène charmante et jubilatoire. Soudain les chiens changent de comportement et se mettent à aboyer, les petits se reculent : une autre personne arrive accompagnée d’un petit roquet : tous les chiens aboient. Elle passe son chemin va vers la sortie et les autres chiens se calment, les enfants aussi. Comme par hasard un autre enfant arrive tout confiant prêt à caresser le petit roquet qui se met à aboyer, l’enfant se recule…La maîtresse du chien dit : attention il est hargneux dit-elle sur un ton…hargneux ! Que d'éléments! : la rencontre des enfants avec les chiens, la similitude de comportement entre le maître et son chien... Mais il y a aussi d'autres choses à venir: la similitude de comportement entre un enfant et le chien ainsi que celle de l'approche éducative entre les deux. Nous allons découvrir peu à peu... Un lien: http://www.des-museaux-pour-des-maux.fr/ https://lesprosdelapetiteenfance.fr/initiatives/psycho-pedagogie/des-chiens-la-creche?fbclid=IwAR2QxhBRCRFJdKyONc5_azKf9mpgz4_22VpmduBu4qhwFwd4neUt1ZhJIto Pour illustrer une certaine forme de rapport avec un animal voici quelques souvenirs d'enfance où j'ai eu la chance d'avoir un chien Ce que mon chien, Boby m’a appris Nous sommes nés la même année et nous sommes arrivés dans ma famille au même moment. Lui, dans un petit panier, sur le porte bagage du vélo de ma grande sœur. Il était noir et blanc, tout rond et pataud comme le petit chiot qu’il était. C’est ce que l’on m’a raconté. De mon coté, lorsque mes premiers souvenirs se sont constitués il était déjà là ! Je l’ai donc toujours connu. Il a fait partie de ma vie tout de suite. J’avais bien une poupée mais elle n’était pas vivante ! Mais j’avais Boby, tout rond, chaud, confortable, je le prenais dans mes bras, je le possédais. J’en faisais ce que je voulais. Il se laissait faire. Enfin ! Jusqu’à ce qu’il atteigne sa taille d’adulte qui n’était pas très grande mais je ne pouvais plus le prendre dans les bras comme je le voulais. C’était un fox terrier avec la tête noire et le bout du museau blanc, le reste du corps blanc, sauf un cœur, oui, un cœur dessiné en noir sur le coté droit. Un cœur un peu déséquilibré avec un coté un peu plus grand que l’autre. Il avait le poil ras. Ce n’était pas un beau chien pour lequel on aurait dit : « c’est un chien de race », non, c’était plutôt le style corniaud. Mais c’était mon Boby. A la fois jouet et compagnon. J’aimais bien lui donner l’air mauvais en lui relevant les babines pour qu’il montre les dents. Cela le faisait éternuer, je voyais que ça l’ennuyait et je voulais savoir jusqu’où je pouvais le taquiner. Il m’opposait alors une résistance passive. Calmement il tournait la tête de l’autre coté, prenait un air à la fois malheureux et contrarié. Je découvrais que je n’avais pas tout pouvoir et surtout il me signifiait l’inconvenance de mon attitude disons, avec une certaine subtilité. En fait je ne faisais pas ce que je voulais avec lui. Le jeu avec lui était là : jusqu’où pouvais-je aller avec lui, dans mes manifestations de petite fille autoritaire et possessive? Je le déguisais. Par exemple, il devait garder un béret le plus longtemps possible sur sa tête de chien. J’étais même étonnée qu’il sache rester ainsi sans bouger…jusqu’à ce qu’il se gratte ! Je ne crois pas que c’était à cause des puces. Il le faisait toujours lorsqu’il voulait sortir d’une situation que je lui avais imposée. Un jour, je l’ai déguisé en mariée avec de vieux rideaux. Je lui avais imposé de ne pas bouger. D’un seul coup il s’est sauvé dans la rue, j’ai du lui courir après, alors qu’il trainait derrière lui toute cette mousseline blanche. Il m’échappait ! J’avais voulu le transformer en poupée et c’était trop pour lui. On ne fait pas tout ce qu’on veut avec quelqu’un de vivant. Il y avait un moment que j’aimais bien durant les vacances à la campagne c’était le bain de Boby. Maman le mettait dans une grande bassine pleine d’eau. Elle insistait sans pitié pour qu’il y reste, mais s’il résistait au début, après il se calmait et lorsqu’on passait le savon sur son dos, il frissonnait d’aise. Il avait le museau en l’air et attendait que cela se passe, avec sensualité. C’est avec satisfaction que je voyais mon Boby devenir tout blanc, vraiment blanc, ce qui était rare. Lorsque maman le lâchait, il fallait se reculer car il sautait dehors, s’ébrouait, et …allait se rouler dans la terre ! « Il se sèche, disait maman, tu vas voir il va redevenir tout blanc quand la terre qui est collée à son poil va partir ! » Et c’était vrai. J’étais en train de découvrir cette dimension de la vie : le paradoxe ! Il fallait qu’il se salisse pour redevenir propre. Notre complicité était reconnue dans la famille. D’habitude on décrivait tel ou tel attitude de Boby d’un air amusé. Lorsqu’il avait fait une bêtise c’était : « ton » Boby…C’est facile à dire pensais-je! Mais au fond de moi cela me plaisait. Il y avait de l’appartenance entre nous, de la propriété réciproque. J’étais responsable. Quoique ce ne soit pas facile d’être responsable de quelqu’un qui vous échappe. Je l’avais autorisé à venir sur mon lit le matin. Maman n’aimait pas trop... Il se couchait sur mes pieds, me tenait chaud et lorsque je bougeais il poussait un énorme soupir. Alors je bougeais encore plus « pour voir » et là il sautait du lit avec un soupir encore plus lourd. Je le faisais remonter, mais il n’acceptait pas toujours. Mes caprices avaient des limites. Un jour il est arrivé tout mouillé et sale et a laissé des traces de pattes, sous forme de petites fleurs, sur le drap. Là, maman m’a rappelé que c’était « mon » Boby. Il a fallu que j’aille au lavoir laver mon drap ! Il y a une photo où je suis, toute contente devant la pierre à laver, avec une brosse à la main… Je me sentais solidaire de ses bêtises. J’assumais. Lorsque j’étais assise il s’installait sur mes pieds, comme pour me garder. Lorsque je lisais il posait sa tête sur mon livre attendant que je le caresse. Ce que je ne manquais pas de faire. Il était sans gène avec cet air malheureux qu’il savait prendre. Et je me laissais faire. Il aimait nos réunions de famille. Lorsque nous étions tous à table il n’avait pas le droit de rentrer dans la salle à manger. Maman ne voulait pas qu’il pose ses pattes sur le rebord de la table avec son irrésistible regard quémandeur. Alors il se mettait devant la porte, passait le nez dans l’embrasure et attendait. On voyait juste son museau. Il ne bougeait pas jusqu’à ce que maman dise : Boby, non ! Alors il reculait. Je me sentais mal, j’aurai voulu qu’il rentre. Mais il savait s’y prendre, car à mon grand soulagement il se faufilait sans que personne ne le voie, se cachait sous la table jusqu’à ce que quelqu’un vende la mèche. Si Maman ne dise rien, il se comportait sans aucune vergogne, mâchant à grand bruit ce qu’on lui donnait… Pour manger on avait mis à sa disposition une vieille casserole dans le hangar. Il n’existait pas à cette époque, ni de nourriture pour chien, ni d’écuelle spéciale. Maman lui donnait les restes des repas. J’étais impressionnée par la façon dont il mangeait les os. Je sentais que je ne devais pas le déranger. Que c’était son affaire de chien. D’ailleurs il grognait lorsque je voulais le toucher ou toucher sa nourriture. Il avait une manie : il ne mangeait jamais tout, il en laissait toujours un peu…comme s’il anticipait l’avenir. C’était un sage. Je devais accepter qu’il ait un coté « chien » qui m’échappait. Lorsqu’il partait à la chasse avec Papa ils revenaient tous les deux, fatigués. Ils avaient vécu des moments complices. Papa racontait les exploits de mon chien, il nous racontait comment il avait fourré son nez dans les terriers à la recherche des lièvres…Je l’ai vu une fois ainsi, je le découvrais sauvage. En fait il avait un coté hargneux, batailleur, querelleur. Il ne pouvait pas voir un autre chien sans lui sauter dessus, surtout s’il était plus gros que lui. Il revenait de ses promenades solitaires plein de plaies, que maman soignait et qu’il léchait avec attention et qui, à mon grand étonnement guérissaient rapidement. Je découvrais l’auto-guérison… C’était un trainard, un trainard indépendant. Il partait dans les rues de la petite ville où j’habitais. Moi aussi j’allais jouer avec d’autres enfants. Je rencontrais quelque fois mon Boby en tain de trottiner. Qu’est ce qu’il faisait là ? Il ne me surveillait pas tout de même. Un jour il est monté dans un train de marchandises pour suivre un de nos voisins pour qui il avait un grand attachement et a été jusqu’à 40 kilomètres de là. Il est revenu à pattes, jusqu’à ce que ce cheminot qui le connaissait le prenne avec lui et nous le rapporte. Il est revenu amaigri, sale, blessé ! Il était aventureux mon Boby. Il est devenu peu à peu « le vieux Boby ». A la fin de sa vie, il boitait, ne voyait plus bien. Traînait lamentablement. Je crois qu’il payait toutes ses bagarres et ses aventures. J’avais 13 ans, lui avait vieilli et moi j’avais grandi. La complicité qu’il y a eu entre nous avait évoluée. Il continuait à être là mais il ne pouvait plus être ce compagnon vital que j’avais eu plus petite. J’étais orientée vers autre chose. Un jour papa est arrivé à la maison, il a dit « ça y est, je l’ai enterré au fond du jardin. ». Mon Boby est reparti là d’où il est venu: de la Nature. Mais il m’avait appris qu’on ne domine pas l’autre, que n’importe quel être vivant à son caractère, qu’il se fait respecter comme il peut, avec ce qu’il est. J’étais responsable de lui mais cela ne me donnait pas tous les droits. J’avais tremblé pour lui, j’avais été fière de lui. Quel apprentissage m’a-t-il fait faire ! issu d'un article publié en avril 2012 dans EJE-journal |